Depuis sa mise en place, le mécanisme des certificats d’économies d’énergie (CEE) constitue un pilier incontournable de la stratégie française de rénovation énergétique. Le 4 novembre 2025, le décret instaurant la sixième période de ce dispositif a été publié. Il prévoit une augmentation significative des obligations imposées aux fournisseurs d’énergie, en matière de soutien aux travaux énergétiques. Derrière cette ambition renforcée, un effet collatéral émerge : la possibilité d’une répercussion sur la facture énergétique des ménages, déjà mis sous tension par l’inflation et la précarité énergétique.
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Les nouvelles ambitions des CEE : un levier renforcé pour la performance énergétique
À compter de 2026, la sixième période des certificats d’économies d’énergie entrera en vigueur. Le décret fixant les nouvelles modalités a été publié au Journal officiel le 4 novembre 2025, entérinant une hausse notable des exigences imposées aux obligés, c’est-à-dire aux fournisseurs d’énergie.Le ministère de la Transition écologique a fixé une obligation annuelle de 1 050 TWhc pour la période 2026‑2030. Parmi cette enveloppe globale, 280 TWhc sont spécifiquement alloués à la lutte contre la précarité énergétique, soit une progression significative par rapport à la période précédente.
Selon le site spécialisé CalculCEE, cela représente une hausse de 27 % des objectifs par rapport à la cinquième période. Derrière ces chiffres, l’intention est claire : intensifier les opérations de rénovation énergétique, notamment l’isolation, la modernisation des systèmes de chauffage ou encore l’installation d’équipements plus sobres. Le dispositif des CEE doit jouer un rôle clé dans l’atteinte des objectifs climatiques de la France . Le budget global de l’enveloppe devrait quant à lui dépasser les 8 milliards d’euros dès 2026, selon une déclaration du ministère relayée par Connaissance des Énergies le 27 octobre 2025.
Travaux énergétiques : aides en hausse, mais facture en embuscade
La volonté politique d’accompagner davantage de travaux énergétiques s’accompagne toutefois d’un effet boomerang économique. Si les aides sont financées par les fournisseurs d’énergie, ces derniers n’ont que peu de leviers pour absorber ce surcoût, sinon celui de le répercuter. La Tribune précise : « L’enveloppe des aides destinées à financer des travaux […] va augmenter à partir de l’année prochaine. Octroyées par les fournisseurs d’énergies, ces derniers risquent de répercuter cette hausse sur les factures de leurs clients, ménages comme entreprises. » Cette mécanique est bien connue du secteur : plus les objectifs imposés sont élevés, plus les coûts de mise en œuvre grimpent, d’autant que les opérations complexes ou les bénéficiaires en situation de précarité nécessitent souvent un accompagnement renforcé.
La contribution moyenne actuelle des CEE pour un ménage oscille déjà entre 124 et 244 euros par an, un coût indirect intégré dans les prix de l’énergie ou les frais annexes. Avec l’extension du dispositif, cette contribution pourrait mécaniquement augmenter, même si le gouvernement n’a pas encore communiqué d’estimation précise de l’impact sur les tarifs.Un autre facteur aggrave la situation : 36 % des foyers français disent avoir eu des difficultés à payer leurs factures d’énergie dans l’année écoulée, selon une enquête menée par Hellowatt, publiée le 6 novembre 2025. Cette tension budgétaire laisse peu de marge pour absorber une hausse supplémentaire, même si elle finance des dispositifs vertueux.
Entre bénéfices écologiques et reste à charge : les ménages face à un dilemme énergétique
Les CEE permettent aux ménages d’accéder à des primes, réduisant le coût des travaux énergétiques. Toutefois, l’efficacité du dispositif dépend de plusieurs facteurs : qualité des artisans, cohérence des devis, conformité aux normes, et surtout capacité à avancer les fonds avant remboursement partiel. Dans le cadre de la nouvelle période, certaines opérations deviendront plus exigeantes. Ainsi, les critères techniques des travaux éligibles seront renforcés pour éviter les effets d’aubaine et garantir une performance réelle. Cette évolution, saluée par les professionnels du bâtiment, pourrait toutefois compliquer l’accès aux aides pour les foyers les plus modestes.
Pour les ménages, il s’agira donc d’arbitrer entre deux réalités : d’un côté, des aides renforcées pour réduire durablement leur consommation énergétique ; de l’autre, un reste à charge potentiellement plus élevé, et un prix de l’énergie grevé par les obligations imposées aux fournisseurs. Il faut sensibiliser les ménages à la complexité du dispositif et à l’importance de bien s’informer sur les aides disponibles, notamment celles cumulables avec les CEE. Cela passe par une vérification de l’éligibilité, le recours à des artisans certifiés, et l’analyse détaillée des offres proposées.
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Source: www.greenetvert.fr
