Electricité: un test de réduction de puissance dans le Puy-de-Dôme d’ici fin mars
Les habitants du Puy-de-Dôme vont expérimenter d’ici la fin du mois de mars le dispositif de « limitation temporaire » de puissance électrique souhaité par le gouvernement pour éviter des coupures d’électricité de plus grande ampleur.
Petit tour des enjeux et des contours du premier test qui vise à roder ce nouvel outil en cas de pic de la consommation hivernal et de tension sur le système électrique.
De quoi s'agit-il ?
Ce test grandeur nature reviendra à abaisser la puissance disponible des compteurs résidentiels Linky à 3kVA (il est généralement de 6 kVA dans les foyers) dans une zone couvrant environ 200.000 foyers prévenus à l'avance, mais l'électricité n'y sera pas coupée.
Concrètement, cette expérimentation "vise à limiter sur une journée et pendant 2 heures maximum la puissance électrique disponible chez des clients résidentiels à une puissance permettant de préserver les équipements clés (éclairage, réfrigérateur, congélateur, recharge d'un téléphone, mais également médicaux installés à domicile – soit 3.000 watts)", ont précisé à l'AFP le gestionnaire de la distribution d'électricité Enedis et le ministère.
Il sera toutefois déconseillé pour un foyer d'utiliser simultanément plusieurs équipements énergivores (four, lave-singe, sèche-linge, lave-vaisselle).
Cette expérimentation aura lieu "d'ici au 31 mars 2024", pendant deux heures maximum, un jour de semaine", selon le ministère de la Transition énergétique.
Son objectif est de "mesurer l'impact de la limitation temporaire de puissance sur la consommation électrique, ses avantages et ses inconvénients", a précisé Enedis.
Les participants à ce test de grande ampleur "seront informés par Enedis au moins trois semaines avant l'expérimentation, par courrier postal", a indiqué le ministère de la Transition énergétique.
Ils seront à nouveau prévenus du jour et du créneau horaire précis cinq jours avant, par mail, SMS ou courrier postal, selon le ministère, qui précise qu'ils "toucheront une prime de 10 euros pour les 2 heures concernées".
Si certains habitants refusent de prendre part à cette expérimentation, ils pourront se manifester auprès d'Enedis pour être sortis du dispositif, assure-t-on de même source.
Pourquoi le Puy-de-Dôme a-t-il été choisi ?
"Le périmètre de l'expérimentation mise en oeuvre (…) correspond au département du Puy-de-Dôme", selon l'arrêté paru en toute fin d'année au Journal officiel.
Un ensemble de facteurs ont déterminé le choix de ce département d'Auvergne, selon le ministère de la Transition énergétique : "représentativité dans la puissance et les types d'abonnement, dans les options tarifaires, de l'effet de la température extérieure sur la consommation d'électricité, de la présence de zones rurales et urbaines".
Le ministère précise par ailleurs que les acteurs locaux ont "émis un avis favorable pour mener cette expérimentation".
Ce test répond-il à un risque de coupure ?
Ce test intervient un an après un hiver 2022/2023 sur lequel a plané la menace de délestages, c'est-à-dire des coupures d'électricité subies, en raison de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine et l'indisponibilité de nombreux réacteurs du parc nucléaire français, touchés par un phénomène de corrosion sous contrainte.
Pour autant, cette expérimentation n'a "aucun lien avec la situation du système électrique pour cet hiver", avait d'emblée précisé le ministère, ce qu'il a redit jeudi.
"Nous abordons l'hiver dans de bien meilleures conditions que l'hiver dernier, comme l'a encore rappelé le gestionnaire de réseau RTE", a indiqué le ministère, soulignant les efforts de sobriété des entreprises, des administrations et des ménages (-8% de consommation électrique par rapport à 2018-2019 corrigée de l'aléa climatique sur les douze derniers mois), le déploiement de nouvelles capacités d'énergies renouvelables et une meilleure disponibilité nucléaire.
"La France est d'ailleurs exportatrice nette d'électricité depuis le début d'année 2023, à des niveaux proches de 2021", a rappelé le ministère.
En outre, des moyens existent déjà avant d'en arriver au scénario ultime des coupures: mobilisation des capacités de production, importations d'électricité, baisse de consommation volontaire des industriels, baisses de tension de 5% sur les appareils électriques.
En cas de résultats probants de l'expérimentation, "cette mesure pourrait constituer un nouvel outil de sauvegarde pour éviter des coupures temporaires" subies, a conclu Enedis.
Source: www.linfodurable.fr