Quel est l’impact écologique de l’aluminium ?
La cannette de soda que vous avez bu ce midi, la casserole avec laquelle vous cuisinez tous les jours, le bus que vous avez pris ce matin, votre smartphone et votre ordinateur. Tous ces objets contiennent de l’aluminium. Une voiture en contient à elle seule jusqu’à 150 kg. En plus d’être léger et solide, l’aluminium est inoxydable, imperméable, résistant à la corrosion, aux rayons UV et aux micro-organismes.
Pour couronner le tout, il est l’un des matériaux qui se recyclent le mieux. Il peut être revalorisé à l’infini sans aucune perte et conserve toutes ses propriétés lors du processus, qui est peu gourmand en énergie. Il ne consomme en effet que 5 % de l’énergie nécessaire à la production initiale d’aluminium.
Des mines à ciel ouvert
L’aluminium n’existe pas tel quel dans la nature, mais est présent dans d’autres minéraux et roches. La bauxite est la roche dont on extrait le plus d’aluminium. Les pays qui la produisent le plus sont la Guinée, l’Australie, la Chine, le Brésil et l’Indonésie.
80 % de la production de bauxite provient de mines à ciel ouvert, un procédé catastrophique pour l’environnement car il entraine une destruction irrémédiable des écosystèmes concernés et notamment des déforestations massives. Au Brésil, la mine de Porto Trombetas s’étend sur des dizaines de kilomètres au cœur de la forêt de Saraca-Taquera.
À la destruction de la faune et de la flore locale s’ajoute la pollution générée par l’industrie minière. La production d’une tonne d’aluminium génère quatre tonnes de boue rouge, ce qui reste de la bauxite une fois l’aluminium extrait. Ces boues ont une très forte teneur en fer, plomb, arsenic et mercure et sont donc hautement toxiques pour l’environnement.
Elles sont généralement stockées dans des bassins à ciel ouvert, qui présentent toujours des risques de fuite. Un rapport de l’ONG Human Rights Watch cite des dizaines de communautés, en Guinée et au Brésil, qui accusent les mines locales d’avoir pollué les sols et les cours d’eau.
Des métaux lourds dans les Calanques
Mais les cas de pollution à la boue rouge n’arrivent pas qu’à l’autre bout du monde. En octobre 2023, la société Alteo a été mise en examen pour avoir déversé des boues rouges pendant des années dans le parc national des Calanques, à proximité de Marseille. En effet, si la France n’exploite plus de bauxite, elle possède toujours les usines historiques de transformation de la roche en aluminium, fondées par Karl Josef Bayer, l’inventeur du processus de transformation.
Pour aller plus loin : “Se mettre (vraiment) au zéro déchet : mode d’emploi”
Alteo, leader mondial de la production d’aluminium, était en droit de rejeter ces boues dans la Méditerranée jusqu’au 31 décembre 2015. Une fois cette date dépassée, la société était obligée de stocker la partie solide des boues et tout en conservant le droit de se débarrasser de sa partie liquide dans le parc, à condition que celle-ci ne soit pas trop chargée en métaux lourds. C’est cette dernière condition qui n’a pas été respectée, menant l’industriel devant les tribunaux.
Face aux nombreux dangers pour la santé et l’environnement que présente l’extraction de l’aluminium, de nombreux acteurs appellent à favoriser le recyclage de ce matériau, plutôt que de poursuivre sa production. On estime qu’en France, seuls 48 % des emballages en aluminium sont recyclés. Le processus de transformation de la bauxite en aluminium réclamant beaucoup d’énergie, cela permettrait aussi d’économiser l’équivalent de 36 500 kWh, soit la consommation annuelle de huit foyers.
Source: www.linfodurable.fr