Nucléaire, connectivité, climat: la France attire les géants internationaux des centres de données
Microsoft, d'abord, va investir 4 milliards d'euros dans le développement de centres de données en France afin de répondre à la demande croissante d'intelligence artificielle (IA) et de services informatiques à distance (cloud). Un nouveau data center doit être implanté dans l’est de la France, près de Mulhouse, tandis que les sites existants de l’entreprise, en région parisienne et près de Marseille, seront étendus.
Amazon, pour sa part, investira 1,2 milliard d’euros pour renforcer son réseau logistique mais aussi développer son infrastructure cloud (ce qui comprend centres de données, serveurs, stockage et logiciels). Cela doit permettre de soutenir le développement des capacités françaises en matière d’IA et d’informatique en réseau via sa branche Amazon Web Services (AWS).
Le groupe japonais Telehouse, spécialiste du stockage des données informatiques, va lui débourser 1 milliard d'euros pour construire et exploiter trois nouveaux centres de données dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ainsi que dans le sud et l'est de l'Ile-de-France.
L'investissement de Microsoft est le plus important jamais réalisé en France par ce groupe et dépasse ceux qu'il a effectués récemment en Allemagne (3,4 milliards de dollars), au Japon (2,9 milliards) ou aux Émirats arabes unis (1,5 milliard).
Énergie décarbonée
La raison? C'est "l'engagement de longue date de la France envers une énergie décarbonée« , en grande partie alimentée par son parc nucléaire, qui rend « plus facile d’investir en France pour ce type d’entreprise que dans d’autres pays », a affirmé à l’AFP le président de Microsoft, Brad Smith.
L'Hexagone est "très bien positionné par rapport à l'Allemagne, à la fois grâce au nucléaire mais aussi avec le développement des énergies renouvelables », précise à l’AFP Géraldine Camara, déléguée générale de France Datacenter, association professionnelle du secteur.
"Les prix restent assez compétitifs, sachant que l'énergie est le premier centre de coût dans un data center", ajoute-t-elle. Autre atout fondamental: la position géographique. « La France, il n’y a pas mieux en termes de hub (plateforme, NDLR) central », estime Sami Slim, directeur général de Telehouse.
"Vous avez des câbles sous-marins qui arrivent à Marseille, tout cela remonte à Paris, qui est elle-même interconnectée très fortement avec Londres, Francfort et Amsterdam", détaille-t-il. "Vous êtes à 10 millisecondes de tous les nœuds de connectivité d'Europe."
A ces avantages s'ajoutent "un climat tempéré, peu de risques naturels et un cadre juridique assez sécurisé », énumère Géraldine Camara.
Vivier de talents
Dernier argument de poids: la capacité d'embauche. "Il est plus aisé d'embaucher en France qu'en Allemagne ou en Angleterre aujourd'hui, notamment dans nos secteurs où nous avons une main-d’œuvre qualifiée", avance Sami Slim.
Constat similaire chez Géraldine Camara, qui loue "des compétences en ingénierie de niveau international" sur le territoire français. Amazon a assuré que ses projets en France allaient créer au moins 3.000 emplois, tandis que Microsoft s’est gardé de donner des chiffres précis.
La création d'un centre de données apporte en général des milliers d'emplois dans la construction et des centaines dans l'opérationnel, a toutefois souligné le groupe fondé par Bill Gates et Paul Allen. De quoi ravir le gouvernement français. Les investissements de Microsoft mettent la France "dans la compétition des données en même temps que nous voulons être dans celle du calcul pour l'IA", a salué le président Emmanuel Macron lundi.
Pour aller plus loin : "L'ISR sur les principales classes d'actifs"
Mi-mars, un rapport remis à l'Elysée avait préconisé un investissement de 5 milliards d'euros par an sur cinq ans pour faire jeu égal avec les Etats-Unis et la Chine, les champions du domaine.
Des experts de l'IA appelaient également à faire de la France et l’Europe « un pôle majeur de la puissance de calcul » en facilitant l’installation de centres privés, comme ceux de Microsoft et Amazon.
Avec AFP.
Source: www.linfodurable.fr