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Quand les catastrophes climatiques bloquent les dons de sang
Les infrastructures sanitaires, aussi modernes soient-elles, plient face à la violence du climat. Les collectes de don du sang deviennent les premières victimes d’un environnement en furie. Elvina Viennet, chercheuse à l’Australian Red Cross Live Blood, a déclaré dans son étude publiée dans The Lancet après le passage du cyclone Alfred en février 2025 : « On a dû annuler 3500 rendez-vous, 22 centres de collecte étaient fermés dans le Queensland et au Nord de la Nouvelle-Galles-du-Sud. Du coup, les hôpitaux ont commencé à stocker du sang, et des dons ont dû être acheminés en urgence par les États qui n’ont pas subi les conséquences du cyclone ».
Et l'Australie n'est pas seule. Aux États-Unis, l'ouragan Milton, amplifié par le réchauffement global, a frappé la Floride en octobre 2024, déstabilisant les réseaux de collecte par des coupures d’électricité massives. Entre les évacuations forcées et l'impossibilité d'acheminer les poches de sang, la chaîne logistique s'est retrouvée paralysée. Face à ces nouvelles réalités, les chercheurs appellent à déployer davantage d'unités mobiles de collecte et à moderniser les infrastructures de stockage.
Les maladies vectorielles : une bombe sanitaire dans la chaîne du sang
L'hémoglobine n'est pas qu'une victime indirecte des ouragans et cyclones. Elle est aussi menacée par des ennemis microscopiques. Le changement climatique favorise l'expansion des maladies dites « vectorielles », transmises par des moustiques porteurs de virus comme le paludisme, la dengue ou encore le virus du Nil occidental. Dans les transfusions sanguines, la vigilance est devenue un sport de combat. Pour autant, les experts se veulent nuancés : « Le risque de transmission par transfusion est très faible », précisent-ils dans des propos rapportés par RFI, «parce que les personnes infectées et avec des symptômes sont recalées. Mais les personnes sans symptômes et infectées peuvent représenter un risque ».
À ce jour, la surveillance sérologique permet encore d'endiguer ce péril latent. Mais face à la prolifération des foyers infectieux, les services du don du sang doivent sans cesse mettre à jour leurs critères de sélection. La menace n’est pas théorique : elle est déjà opérationnelle dans plusieurs régions tropicales.
Fragilité des donneurs et "déserts du sang" : l'autre héritage climatique
Le corps humain, lui aussi, vacille sous les assauts du climat. Les épisodes de canicule extrême affectent la santé des donneurs potentiels. Elvina Viennet en témoigne sur RFI : « Ces épisodes de chaleur extrême peuvent avoir des effets sur les gens qui ont des problèmes chroniques, des problèmes d'asthme, des problèmes de déshydratation, des coups de chaleur. Les pathologies chroniques peuvent également être aggravées. L’anxiété climatique pourrait aussi décourager les dons ».
Le tableau s'assombrit encore avec les migrations climatiques forcées. Les populations déracinées par les catastrophes naturelles désertent les centres de collecte, créant de véritables « déserts du sang », où certains groupes sanguins rares deviennent inaccessibles. Sans diversité des donneurs, certaines pathologies lourdes comme les anémies rares ou les leucémies pourraient connaître des pénuries critiques. Les scientifiques préconisent de développer des systèmes d’alerte précoce et d’élargir drastiquement le panel de donneurs pour éviter des ruptures catastrophiques.
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Source: www.greenetvert.fr