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L’alerte du Haut Conseil, un climat sans boussole
L’organisme indépendant, mis en place en 2018 par Emmanuel Macron, tire une nouvelle fois le signal d’alarme. Dans son rapport intitulé « Relancer l’action climatique face à l’aggravation des impacts et à l’affaiblissement du pilotage », le HCC documente une réalité préoccupante, la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France en 2024 s’établit à –1,8 %. Un chiffre trompeur. Jean-François Soussana, président du Conseil, le dit, dans des propos rapportés par le magazine Géo: « Nous avons besoin d’un sursaut collectif pour relancer l’action climatique, avec un cadre d’action publique clair, des actions structurelles, une gouvernance solide et des cibles bien définies ».
Le problème ? Cette baisse s’explique à 70 % par des facteurs qualifiés de « conjoncturels ». Une météo plus clémente, un redémarrage du parc nucléaire, un ralentissement économique… autant d’éléments extérieurs, rien qui tienne d’une véritable stratégie. Marion Guillou, spécialiste de l’alimentation et membre du HCC, l’illustre sur France 24 : « Les éleveurs ont une vie difficile et gagnent mal leur vie et donc de plus en plus d’élevages arrêtent leur activité. Donc c’est ce qu’on appelle (un effet) conjoncturel, parce que ça n’est pas un phénomène politique voulu ». Voilà donc où nous en sommes, les émissions baissent, mais pas grâce à l’État.
La rénovation énergétique sacrifiée : MaPrimeRénov’ suspendue, les chantiers gelés
Symbole criant de ce décrochage : la suspension de MaPrimeRénov’. L’aide phare à la rénovation énergétique a été brutalement gelée le 4 juin 2025 pour les nouveaux projets d’ampleur, officiellement jusqu’à mi-septembre. Raisons invoquées ? Débordement des demandes, fraudes massives, gestion erratique.
Conséquence directe, des milliers de ménages modestes laissés en plan, et un marché du bâtiment en attente. Même Emmanuel Macron, pourtant maître du tempo, a fustigé des « incertitudes » insupportables autour des dispositifs climatiques. Mais la défaillance ne s’arrête pas là. Le rapport du HCC épingle aussi les coupes dans le leasing social (location de véhicules électriques pour les foyers modestes) et dans les aides aux installations photovoltaïques. Des reculs incompréhensibles, précisément sur des mesures qui avaient trouvé leur public. Et pendant ce temps, les passoires thermiques continuent d’émettre. Cinq millions de logements classés F ou G. Un chiffre qui, lui, ne faiblit pas.
L’État recule, la gouvernance vacille : où est passée la planification écologique ?
Au-delà des dispositifs, c’est la structure même de la gouvernance écologique qui se délite. Le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), bras armé de l’exécutif pour piloter la transition, est aujourd’hui en pleine éclipse. Budget amputé, compétences floues, arbitrages reportés, un vide s’installe là où il faudrait une colonne vertébrale. Le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), dévoilé le 10 mars 2025, n’a guère rassuré.
Doté de seulement 1,15 milliard d’euros pour les projets territoriaux, il laisse un gouffre de financement estimé à plus de 1,3 milliard d’euros par rapport aux engagements initiaux. Le HCC dénonce un texte « en décalage par rapport aux vulnérabilités et aux besoins ». Et que dire du climat législatif ? À l’Assemblée, les reculs s’enchaînent : sur la Zéro artificialisation nette (ZAN), sur les Zones à faibles émissions (ZFE), sur la fiscalité verte. Le bloc central, soumis aux pressions croisées de la droite, de l’extrême droite et de La France insoumise, abandonne la cohérence pour l’arithmétique parlementaire.
L’Europe absente, la diplomatie climatique française en panne sèche
Au-delà des frontières, le malaise s’étend. La Commission européenne n’a toujours pas arrêté sa feuille de route climatique pour 2035. Le vote est repoussé à l’automne, quelques semaines avant la COP30 de novembre au Brésil. Pour le HCC, ce retard est lourd de conséquences : « Ce retard fragilise la position de l'UE dans le contexte de la COP30 et participe au relâchement de la pression internationale sur le relèvement de l’ambition climatique », peut-on lire sur France 24.
La France, quant à elle, n’a pas repris l’initiative. La diplomatie climatique semble paralysée. Aucune annonce forte. Aucun signal. Une dissonance alarmante alors que l’été 2025 s’annonce comme le deuxième mois de juin le plus chaud jamais enregistré dans l’Hexagone.
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Source: www.greenetvert.fr