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Un traité sur la haute mer… enfin !
Dès le premier jour du sommet des Nations unies sur les océans (UNOC), le ton est donné. Le 10 juin 2025, la ratification du traité international sur la haute mer, adopté à New York en juin 2023, est actée par une cinquantaine de pays. Ce texte juridique historique vise à protéger les zones situées au-delà des 200 milles marins, soit 370 km des côtes. Ce sont ces eaux internationales, non soumises à la souveraineté des États, qui concentrent 64 % de la surface océanique.
« C’est un progrès incroyable », s’est réjouie Rebecca Hubbard, représentante de la High Seas Alliance, un collectif réunissant une cinquantaine d’ONG. Mais l’élan reste fragile. L’entrée en vigueur du traité n’est conditionnée qu’à une chose : l’obtention de 60 ratifications. À Nice, la France espérait atteindre ce seuil. Raté. « Il y a eu une mobilisation démente », a tenté de rassurer Romain Troublé, directeur de la Fondation Tara Océan, cité par BFMTV. De son côté, François Chartier de Greenpeace a souligné : « À priori, le traité va être finalisé avant la fin de l’année et on va pouvoir travailler sur les premières aires marines protégées en haute mer. » Mais le compte n’y est toujours pas.
L'océan pris en otage par la géopolitique fossile
Autre grand sujet, les énergies fossiles. Ou plutôt, leur absence. Le texte final du sommet de Nice mentionne certes « les effets néfastes du changement climatique sur l'océan », mais sans jamais évoquer la transition nécessaire loin du pétrole, du gaz ou du charbon. Une pirouette politique que le ministre de l’Environnement du Vanuatu, Ralph Regenvanu, a fustigée, dans des propos rapportés parBFMTV : « C’est la principale cause de la détérioration des océans, et nous n’en parlons pas assez, c’est regrettable. » On pensait avoir dépassé le double langage. Il n’en est rien. La France, pays hôte, a-t-elle haussé le ton ?
Emmanuel Macron, lui, n’a pas mâché ses mots : « Les abysses ne sont pas à vendre. » Il a qualifié l’exploitation des fonds marins de « folie » et d’«action économique prédatrice », ciblant la décision unilatérale de Donald Trump de relancer l’extraction des nodules polymétalliques dans le Pacifique. Mais ces effets d’annonce n’ont pas suffi à élargir la coalition pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds. Elle passe timidement de 32 à 37 États membres de l’AIFM (Autorité internationale des fonds marins). Un chiffre dérisoire sur les 169 signataires potentiels. Le Far West sous-marin continue donc son expansion.
Aires marines protégées : l’arbre qui cache la pollution
Des promesses, il y en a eu. De la Colombie à la Grèce, du Portugal aux Samoa, des pays ont annoncé la création ou l’élargissement d’aires marines protégées (AMP), avec parfois l’interdiction du chalutage de fond, pratique dévastatrice pour les écosystèmes benthiques.
Le résultat ? La part mondiale des AMP pourrait dépasser les 10 %, contre 8,34 % avant le sommet. Un progrès chiffré, mais qui masque des disparités nationales criantes. En France, la déception est palpable.Les nouvelles mesures de restriction du chalutage ne couvrent que… 4 % des eaux hexagonales. Un chiffre qui fait bondir les ONG. Où est passée la prétendue « nation de l’exemplarité écologique » ?
Un sommet sans argent : la grande panne des financements bleus
Enfin, un sommet international sur l’océan sans engagements financiers massifs, est-ce encore un sommet utile ? Le Costa Rica avait lancé l’idée d’un fonds de 100 milliards de dollars pour les océans. Rien n’a été concrétisé à Nice. Le Forum économique mondial estime qu’il faudrait 175 milliards de dollars annuels (soit environ 153 milliards d’euros) pour atteindre les objectifs de développement durable liés à l’océan d’ici à 2030.
Face à cette arithmétique de l’inaction, les ONG haussent le ton. « Nous devons garder le pied sur l’accélérateur », a rappelé Rebecca Hubbard. Encore faudrait-il qu’il y ait du carburant dans le réservoir diplomatique.
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Source: www.greenetvert.fr