Le 18 décembre 2025, la Commission européenne a annoncé le report de la signature de l’accord Mercosur. Si le débat s’est d’abord concentré sur l’agriculture et la politique commerciale, la dimension environnementale du traité refait surface. Pour de nombreux experts, le Mercosur illustre les limites d’une stratégie climatique fondée sur des normes internes strictes, mais contournées par les importations.
Quand la protection de l’environnement devient un angle mort
Sur le papier, l’Union européenne affirme vouloir conditionner ses accords commerciaux au respect de l’Accord de Paris. Le Mercosur n’échappe pas à cette rhétorique. Pourtant, ses effets potentiels sur l’environnement posent question. L’ouverture accrue du marché européen favoriserait les importations de viande bovine, de soja ou de sucre en provenance de pays où la déforestation reste un enjeu majeur.
Ce mécanisme crée un premier paradoxe. En renforçant ses normes environnementales internes, l’Europe renchérit les coûts de production locaux. En parallèle, elle s’apprête à importer des produits issus de systèmes agricoles beaucoup moins contraints. Le résultat est une délocalisation de l’empreinte carbone : les émissions ne disparaissent pas, elles sont déplacées hors du territoire européen, rendant le bilan climatique global discutable.
À cela s’ajoute l’impact du transport. Le Mercosur repose sur des flux transatlantiques massifs. L’augmentation des échanges impliquerait mécaniquement une hausse des émissions liées au fret maritime. Cet effet est rarement mis en avant dans la communication officielle, alors même qu’il entre en contradiction avec les objectifs de réduction des émissions du secteur des transports.
Les engagements environnementaux du Mercosur jugés insuffisants
Les défenseurs du Mercosur mettent en avant des clauses environnementales intégrées au traité. Toutefois, leur portée réelle est largement contestée. Ces engagements reposent principalement sur des mécanismes de coopération et de dialogue, sans véritables sanctions contraignantes. Pour les ONG environnementales, ces dispositions relèvent davantage de l’affichage politique que d’une garantie effective.
Le cas de la déforestation illustre cette faiblesse. Dans plusieurs pays du Mercosur, l’extension des surfaces agricoles est directement liée à la destruction d’écosystèmes sensibles. En facilitant l’accès au marché européen, l’accord risque d’encourager indirectement ces pratiques, malgré les engagements formels pris par les gouvernements concernés. Le report du Mercosur apparaît ainsi, pour ses critiques, comme une occasion de rouvrir un débat resté trop longtemps marginal.
Enfin, le traité pose une question stratégique plus large : l’Europe peut-elle prétendre être un leader climatique tout en soutenant des accords qui affaiblissent la cohérence de sa politique environnementale ? Pour une partie des experts, le Mercosur révèle une contradiction structurelle entre libre-échange et transition écologique. Le report à janvier ne règle pas cette tension, mais il souligne l’urgence d’un arbitrage clair entre ambitions climatiques et logique commerciale.
Cet article Report du Mercosur : l’Europe suspend un accord aux lourdes conséquences environnementales est apparu en premier sur Green et Vert.
Source: www.greenetvert.fr
