Pour y répondre, la production agricole, incluant les produits de la pêche, devra augmenter de 14 %. Et pourtant, les gains de productivité ne suffiront pas à combler ce fossé. Les surfaces cultivées devront s’étendre, les troupeaux croître, notamment en Afrique et en Asie du Sud. Ce qui devrait entraîner une hausse prévisible de 6 % des émissions agricoles de gaz à effet de serre, à l’heure où la planète suffoque déjà.
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Produire plus, polluer moins : un objectif atteignable ?
Contre toute attente, la FAO et l’OCDE affirment qu’un autre chemin est possible. En activant des leviers déjà connus,la production pourrait croître de 10 % et les émissions diminuer de 7 %, à condition d’une amélioration modérée mais ciblée de 15 % de la productivité agricole. « Alors que la demande alimentaire mondiale continue de croître, le défi consiste à réduire l’impact environnemental de la production agricole tout en assurant la sécurité alimentaire », résument les deux institutions.
Le scénario repose sur une combinaison d’outils existants : réduction des pertes alimentaires, optimisation de l’alimentation animale, gestion raisonnée du lisier, et surtout déploiement massif de l’agriculture de précision, c’est-à-dire une utilisation ultra-ciblée des ressources grâce aux technologies GPS, aux capteurs intelligents et à la collecte de données à grande échelle.
L’élevage, cœur du réacteur méthane
Premier levier à actionner : l’élevage. Responsable d’une large part des émissions de méthane, ce secteur concentre une grande part des solutions identifiées. Le rapport souligne que «la gestion de l’alimentation du bétail, source de méthane, sera centrale» : ajustement du pâturage, ajout d’additifs dans les rations, valorisation du lisier pour produire du biogaz… Autant de pistes déjà connues mais encore trop peu utilisées.
Le problème ? Malgré leur efficacité démontrée, ces technologies ne percent pas sur le terrain. « Cependant, en dépit de leur potentiel technique, dans de nombreuses régions ces technologies ont été peu adoptées », déplorent les auteurs. En cause ? Des coûts d’investissement élevés, des infrastructures absentes ou dégradées, et une absence criante de mesures incitatives. Bref, une équation économique qui décourage les agriculteurs, en particulier les plus petits.
Sol, carbone et technologies : les champs de bataille de demain
Côté cultures, l’objectif est triple :améliorer l'efficacité de l'utilisation des nutriments, limiter les perturbations du sol (par la rotation des cultures, entre autres) et accroître la capacité des sols à stocker du carbone. L’agriculture de précision, citée comme un pilier du scénario proposé, permettrait justement d’atteindre ces objectifs en minimisant les gaspillages et en maximisant le rendement à ressources constantes.
Mais là encore, la transition vers ces méthodes reste marginale, sauf dans quelques territoires pionniers. Le Château de Nages, en Camargue, expérimente l’agriculture régénérative et prévoit de replanter « 500 arbres chaque année » pour séquestrer le carbone tout en protégeant la biodiversité. Un modèle encore trop rare pour infléchir la courbe globale.
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Source: www.greenetvert.fr