Politique : François Bayrou et l’écologie
Fraîchement relaxé dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires du MoDem, François Bayrou a affirmé ce mercredi 7 février qu’il n’entrerait pas au gouvernement. Alors que son nom circulait du côté du ministère de l’Éducation nationale, à la place d’une Amélie Oudéa-Castéra confrontée à plusieurs controverses, le Haut-commissaire au Plan affirme qu’il n’a « pas candidaté à ce poste ».
Insistant sur le manque « d’accord profond sur la politique à suivre », le maire de Pau a ouvert la porte à une éventuelle candidature aux élections présidentielles de 2027, affirmant n’avoir « jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les [siens] ». Mais, à quelques années de cette nouvelle échéance, qu’en est-il du positionnement de ce dernier au sujet des défis climatiques et environnementaux ? ID fait le point.
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Pour un nucléaire "propre"
François Bayrou entre dans le monde politique à l’aube des années 80. Exerçant des fonctions de député des Pyrénées-Atlantiques entre 1986 et 1992, il plonge dans le grand bain à partir de 1993, en devenant ministre de l’Éducation nationale sous trois gouvernements de droite (Balladur puis Juppé à deux reprises).
Présidant le parti centriste de l’UDF (Union pour la démocratie française) de 1998 à 2007, il se présente pour la première fois à une élection présidentielle en 2002. Avec 6,8 % des suffrages exprimés, il arrive alors en quatrième position du premier tour.
Bien que l’écologie ne soit pas au centre de sa campagne, il commence à évoquer des préoccupations environnementales. Il prône notamment à cette époque la mise en place d'un "grand ministère de la nature et du développement durable". Il soutient également l'idée d'une énergie nucléaire « propre », qu’il considère comme le « seul moyen » d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés à Kyoto.
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Une importance croissante
Toujours investi par l’UDF, il termine troisième (18,6 % des voix) aux élections de 2007. À cette époque, l’écologie n’est plus un domaine réservé aux Verts, mais bel et bien un passage obligé pour chaque candidat. Bien que les objectifs et les moyens pour les atteindre demeurent flous, François Bayrou accorde néanmoins une importance croissante aux enjeux environnementaux.
Dans les faits, il prône : une réduction de la consommation d’énergie et une modification des sources d’approvisionnement pour diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 ; la mise en œuvre d'une "taxe carbone" sur les carburants d'origine fossile ; la mise en place de dispositifs luttant contre les publicités "écologiquement" mensongères (greenwashing) ; la limitation des pesticides ; ou encore un objectif de réduction de 20 % de la quantité de déchets.
En parallèle, il est toutefois épinglé par les spécialistes pour l’absence ou le manque d’ambition sur certaines thématiques comme : le bien-être animal ; la gestion de l’eau ; ou encore la lutte contre la pollution de l’air.
Du bon et… du moins bon
L’année 2012 marque sa troisième et dernière participation en date à une élection présidentielle. Cette fois-ci, c’est sous la bannière du MoDem, un parti centriste qu’il a créé au sortir de sa défaite en 2007, qu’il se présente, finissant 5ème avec 9,1 % de voix. Dans un article paru à cette époque, L’Obs le qualifie alors d' »écolo refoulé », avec un programme comportant « de vraies propositions novatrices, mais aussi de graves lacunes. »
Ainsi, c’est sous le signe de "l’écologie positive" que Bayrou veut placer sa campagne de 2012. Il déclare : "nous avons été précurseurs du 'produire en France', nous voulons être précurseurs sur le sujet de l'écologie positive, celle qui prend en charge la totalité des liens de l'homme avec la nature."
Dans un contexte où la question du nucléaire revêt une importance cruciale, François Bayrou adopte une approche nuancée en le considérant comme "une énergie de transition", plutôt que de se positionner de manière tranchée dans le débat du "pour ou contre". Il s'engage également à accroître la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité, afin d’atteindre un taux de 40 % en 2030. Mais une fois encore, beaucoup de sujets cruciaux sont alors laissés sur le carreau, à l’instar de : l’adaptation au changement climatique ; la lutte contre la pollution de l’air ; la diminution des déchets ; ou encore l’amélioration du bien-être animal dans l’agriculture.
Crise politique ? "Mon soutien ne se marchande pas" à condition que l'inquiétude des Français soit entendue, déclare François Bayrou. "Nous sommes membre à part entière de la majorité qui veut reconstruire le pays". pic.twitter.com/WiMXKsuxXb
— franceinfo (@franceinfo) February 8, 2024
Et maintenant ?
Un moment pressenti pour la course à la présidentielle de 2017, Bayrou annonce finalement le 22 février de cette même année qu'il renonce à sa candidature et offre, à la surprise générale, une alliance à Emmanuel Macron. Nommé ministre d’État et ministre de la Justice dans le premier gouvernement d’Édouard Philippe, il quitte son poste 35 jours après sa nomination suite à l’affaire des assistants parlementaires pour laquelle il a finalement été relaxé « au bénéfice du doute » ce mercredi 7 février 2024. Plus largement, François Bayrou reste néanmoins plutôt discret sur les questions environnementales depuis sa nomination au poste de Haut-commissaire au Plan, en septembre 2020.
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Source: www.linfodurable.fr