Nuits des étoiles : pourquoi la pollution lumineuse pose-t-elle problème ?
Cette année, les Nuits des étoiles ont lieu les 9, 10 et 11 août. A cette occasion, les férus d’astronomie et les amoureux de veillées étoilées vont pouvoir admirer les étoiles filantes et contempler le ciel, particulièrement dégagé à ces dates. « Le ciel profond sera à la portée de nos télescopes, de la Voie Lactée du nord au sud, depuis Cassiopée et Persée, jusqu’au Scorpion et au Sagittaire, en direction du centre galactique », précise l’association française d’astronomie (Afa) à l’origine de cet événement.
Si les habitants et habitantes des campagnes pourront facilement profiter de ce spectacle céleste, celles et ceux qui se trouvent en villes pourraient bien rencontrer plus de difficultés. En cause : la pollution lumineuse, essentiellement engendrée par les nombreux éclairages publics, et qui empêchent de bien voir les étoiles. Selon l’Observatoire national de la biodiversité (ONB), « 85 % du territoire métropolitain est exposé à un niveau élevé de pollution lumineuse ».
Une menace pour la biodiversité et le climat
Au-delà d’occasionner une gêne pour l’observation des étoiles, l’éclairage artificiel nocturne représente une nuisance importante pour la faune et la flore – terrestres comme marines, qui voient leur cycle biologique perturbé ainsi que leur communication et leur mobilité.
"La lumière artificielle perturbe les mécanismes d’orientation des oiseaux migrateurs qui peuvent être leurrés par les points lumineux de grande ampleur. Les insectes lucipètes se retrouvent attirés puis piégés autour des sources lumineuses », égraine la sénatrice Annick Jacquemet, dans une note réalisée au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, et publiée le 26 janvier 2023.
Carte de la pollution lumineuse en France métropolitaine.© Olivier Debuf – OFB 2021
La lumière bleue pourrait également avoir des effets sur l’horloge biologique circadienne chez l’être humain : altération du sommeil, troubles de la mémoire, de l’humeur mais aussi augmentation des risques cardiovasculaires, comme le souligne la note de l’Office.
Par ailleurs, l'éclairage nocturne est source de gaspillage énergétique, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’émission de gaz à effet de serre. Selon l’ADEME, « la consommation d’électricité annuelle pour l’éclairage public et l’éclairage des bâtiments s’élève à 2 900 TWh au niveau mondial, soit 13 % de la production totale d’électricité, et à 56 TWh pour la France ».
Une réglementation jugée insuffisante
Face à ces multiples effets, une réglementationnationale a été mise en oeuvre pour minimiser les nuisances lumineuses. Certains éclairages extérieurs (parcs, jardins, parkings, enseignes lumineuses) sont par exemple interdits en dehors des horaires d’activité. Des prescriptions techniques visent aussi « à ne pas éclairer le ciel », « à limiter l’éblouissement latéral » ou encore « à réduire les températures de couleur ».
Des mesures jugées toutefois incomplètes. "L’éclairage public et privé de la voirie n’est pas soumis à des contraintes d’abaissement des contrastes et sa temporalité est laissée à la discrétion des autorités locales compétentes. Par ailleurs, les événements extérieurs et les équipements sportifs font partie du champ d’application de l’arrêté du 27 décembre 2018 mais ils ne font l’objet d’aucune prescription de temporalité ni de prescription technique", relève notamment la sénatrice dans sa note.
Afin d’améliorer la réglementation actuelle, celle-ci préconise de faire respecter davantage la législation en vigueur mais aussi de "changer de paradigme« , autrement dit, « passer d’un éclairage systématique à une adaptation fine selon le contexte » et « les besoins des usagers ».
Plusieurs communes métropolitaines ont déjà pris les devants. Selon l’ADEME, 40 % d’entre elles éteignent désormais une partie de leur éclairage public pendant la nuit. Parmi elles : Saint-Nazaire, Strasbourg, ou encore Chambéry et Colmar.
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Source: www.linfodurable.fr