Derrière l’apparente transition énergétique, l’État resserre une fois de plus la vis. Le 26 juin 2025, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a confirmé une nouvelle baisse du tarif de rachat de l’électricité produite par les installations photovoltaïques sur grandes toitures. À compter du 1er juillet 2025, les producteurs injectant leur surplus dans le réseau public ne percevront plus que 88,60 euros par mégawattheure, contre 95 euros auparavant. Une chute sèche de 6,8 % qui, à elle seule, cristallise les tensions au sein de la filière.
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Un système d’aide publique en chute libre
La décision n’est ni la première, ni la plus douce. Depuis le mois de janvier, le soutien financier aux installations de 100 à 500 kilowatts s’est effondré de 19,5 %, réduisant drastiquement l’attractivité des projets industriels ou agricoles. La justification officielle ? Éviter l’« emballement » des raccordements et recentrer les efforts publics sur les projets les plus « efficients ».
Moins d’argent pour plus de sélection. Cette orientation avait été déjà annoncée dès le début de l’année, avec la mise en place d’une caution obligatoire de 10 000 euros pour tout dépôt de dossier à la CRE. Objectif assumé, filtrer les projets « opportunistes » et ralentir la frénésie observée à l’automne 2024. Selon les données du Syndicat des énergies renouvelables (SER), cette mesure a déjà permis de faire baisser d’environ un tiers les demandes. Une efficacité redoutable, mais à quel prix pour les acteurs de terrain ?
Electricité : une politique énergétique sans cap stable
« Nous nous attendions à la baisse du tarif de rachat », confiait Jules Nyssen, président du SER, dans Les Échos le 26 juin 2025. « Les tergiversations du début d'année, avant le nouvel arrêté du 26 mars qui clarifie les règles du jeu, avaient conduit à un dépôt important de demandes de raccordement pour essayer de cranter le tarif à 95 euros et limiter la casse. » Le ton est mesuré, mais le malaise est profond.
Derrière les lignes budgétaires, une politique énergétique à la boussole déréglée. La CRE elle-même, par la voix de sa présidente Emmanuelle Wargon, assumait dès le printemps que « la croissance de la demande d’électricité en France est en retard ». Consommation stagnante, électrification des usages timide, incertitudes industrielles : les conditions ne sont plus réunies, selon l’exécutif, pour maintenir un niveau de subvention élevé.
L’appel d’offres, nouveau mirage de l’automne 2025 ?
Autre tournant structurel, le dispositif d’aide actuel, reposant sur un guichet ouvert, sera remplacé à la rentrée par un système d’appels d’offres simplifiés. Derrière l’idée d’optimisation, une réalité : réduire encore les engagements financiers de l’État. Or, pour la filière, l’inquiétude est palpable. « Ce qui nous importe le plus, c’est qu’on ne réduise pas les volumes des appels d’offres à peau de chagrin, au motif qu’on aurait déjà dépassé l’objectif annuel du guichet », prévient Jules Nyssen.
Cette logique comptable met en péril les investissements anticipés. Elle risque aussi d’aggraver un paradoxe de plus en plus visible, la France promet l’accélération de la transition énergétique, mais en affaiblit les instruments de terrain. Le solaire sur toiture, pourtant moins invasif que les champs au sol et mieux adapté aux infrastructures existantes, est le premier sacrifié.
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Source: www.greenetvert.fr