Menacée de disparaître, l’Agence bio dénonce une attaque contre la transition alimentaire
"Cette suppression, voulue par la droite sénatoriale et à laquelle ne s'est pas opposée la ministre de l'Agriculture, serait un coup très dur: c'est la transition alimentaire et agricole qu’on assassine », a réagi auprès de l’AFP Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio.
Durant l’examen au Sénat de la mission budgétaire dédiée à l’agriculture vendredi soir, la chambre haute a voté pour supprimer les crédits de l'Agence bio, estimant que ses missions pouvaient être reprises par d’autres opérateurs comme l’établissement public FranceAgriMer, « ou réinternalisées par les services du ministère de l’Agriculture ».
La proposition, initiée par la droite sénatoriale, a reçu un accueil bienveillant de la ministre Annie Genevard, qui a rendu un "avis de sagesse", ni favorable ni défavorable, à cette mesure.
L'idée est "pertinente", a-t-elle affirmé, mais "nous devons d'abord travailler avec les acteurs pour rendre cette proposition opérationnelle". "En ces périodes de difficulté budgétaire, personne ne peut être contre l’idée de rationaliser la dépense publique », a-t-elle ajouté, suscitant l’ire de la gauche.
Des "incohérences" du gouvernement dénoncées
Pour son président Jean Verdier, l'Agence bio, plateforme nationale chargée de la promotion et du développement du bio, assure "trois missions" spécifiques "difficilement transférables": un "observatoire du marché", la "communication et pédagogie à destination du public", et la "structuration des filières au travers du Fonds Avenir bio, doté de 18 millions d'euros".
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Remettre les dossiers "entre les mains de fonctionnaires non spécialistes de la bio, c'est un peu comme si vous aviez rendez-vous avec un cardiologue pour une opération à coeur ouvert et que finalement vous vous fassiez opérer par un généraliste", a tancé Laure Verdeau.
Elle a fustigé les "incohérences" du gouvernement, qui affirme "qu'il y a de la place pour tous les modèles" mais "casse l'interlocuteur des 60.000 fermes bio qui sont un trésor national qu’on a contribué à construire ».
En outre, dénonce-t-elle, cela représenterait une "économie de bouts de chandelles" pour le gouvernement, puisque cela supprimerait "une ligne de crédit de 2,9 millions d'euros", qui servent aux frais de fonctionnement et au paiement des agents, dont "23 sur 24 sont de droit privé et donc pas transférables à FranceAgriMer » selon elle.
Avec AFP.
Source: www.linfodurable.fr