Mathéo Gabon, éveilleur de conscience écolo pour les sportifs
Tombé dans la marmite de l’athlétisme quand il était petit – inspiré entre autres par son père, adepte du 110 mètres haies, Mathéo Gabon aurait pu choisir de se tourner vers une carrière de sportif professionnel. A 16 ans, ce sprinteur, spécialiste du 100 et 200 mètres, fait notamment ses preuves sur piste en se qualifiant pour les championnats de France. Malgré de beaux résultats, le jeune athlète préfère chausser ses crampons pour le plaisir et se concentrer sur ses études.
Le bac en poche, il se met en tête de devenir ingénieur et entre en 2018 à l’ESTP (Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie). Là-bas, le jeune homme approfondit son intérêt pour l’écologie. « C’est un sujet auquel je suis sensible depuis que je suis enfant. Quand j’allais chez mes grands-parents, en Guadeloupe, je voyais la perte de biodiversité ou encore les effets de la montée des eaux », explique-t-il, avant d’ajouter : « d’année en année, je constatais que les plages se transformaient, que certaines n’étaient plus accessibles. On se prend alors une claque. »
Diplômé en 2021, Mathéo Gabon travaille aujourd’hui en tant qu’ingénieur consultant bâtiment bas carbone chez Accenture, une entreprise mondiale de conseil. Désormais dans la vie active, il n’oublie pas pour autant l’athlétisme qu’il continue de pratiquer en semi-professionnel et de manièreécoresponsable.
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Adapter le sport au monde de demain
Je ne mange plus de viande, ni de poisson. J’évite de prendre l’avion quand il y a des compétitions à l’étranger, et j’essaye de privilégier au maximum le train ou le covoiturage”, égraine le sportif de 27 ans.
Selon lui, ces changements n’ont pas eu d’impact sur ses performances, bien au contraire. « Cette année a été la saison où j’ai fait le plus d’efforts écologiques, et c’est ma meilleure saison. J’ai battu tous mes records », atteste-t-il.
Convaincu que sport et écologie vont de pair, le vingtenaire pousse son engagement plus loin en s'impliquant au sein de l’association Les Climatosportifs – un collectif qu’il a co-fondé en 2023 avec Younès Nezar et Amélie Clerc, deux amis également sportifs et engagés dans une pratique plus durable.
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Le frein des sponsors et des fédérations
Armés de leur manchette aux couleurs des "Warming Stripes » – ces bandes bleu et rouge représentant le réchauffement climatique qu’ils arborent lors des compétitions, les trois athlètes tentent d’embarquer les sportifs ainsi que les fédérations, les clubs et les entreprises dans leur mouvement, en organisant par exemple des ateliers. Le 3 août dernier, ils étaient par exemple à l’Académie du Climat, à Paris, pour faire découvrir l’alimentation végétale pour les sportifs.
Les Climatosportifs s’appuie également sur une "charte pour un sportif responsable« . Conçue par l’association et signée par 80 sportifs et sportives, elle s’articule autour de sept engagements. Parmi eux, la nécessité de se « déplacer dans un esprit de sobriété », « d’adopter des régimes alimentaires écoresponsables », de « choisir des sponsors responsables » ou encore « d’acheter des équipements durables, seulement si nécessaire » mais aussi de les « mutualiser ».
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Adapter le sport au monde de demain
Autre obstacle selon lui : l’organisation des compétitions, qui oblige encore les sportifs à concourir à l’autre bout du monde. « C’est notamment le cas dans l’athlétisme où, pour gagner des points, il faut multiplier les championnats à l’étranger. Les athlètes sont contraints de se plier à cette règle même s’ils ont de fortes convictions écologiques », souligne le co-fondateur.
Pour changer la donne, Les Climatosportifs tente de réfléchir à des alternatives avec d’autres acteurs. « L’ADEME a notamment lancé l’initiative JO 2048 qui a pour objectif d’imaginer les Jeux de demain, en fonction de 4 scenarii », note-t-il. En attendant de trouver la bonne formule, l’association poursuit son travail desensibilisation auprès des athlètes de haut niveau dans l’espoir que de plus en plus osent « se mouiller ».
Mathéo Gabon fait remarquer que certains ont déjà emboîté le pas, à l’image d’Arnaud Assoumani, sauteur en longueur et champion paralympique, engagé sur les sujets sociaux et environnementaux, et qui a récemment fait entendre sa voix sur les réseaux sociaux pour dénoncer le processus de sélection des portes drapeaux. "C’est un monstre de résilience et une personnalité à suivre de près", lance le sprinteur.
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Pour aller plus loin : « Sport et écologie : mode d’emploi »
Source: www.linfodurable.fr