Publié le 10 octobre 2025, le nouveau pointage du Citepa confirme une stagnation des émissions de CO2 en France au premier semestre. Le signal est préoccupant, car la baisse des émissions de CO2 attendue sur l’ensemble de 2025 ne serait que de 0,8 %, alors que la trajectoire impose environ −5 % par an. Cette photographie, strictement limitée aux émissions nationales hors puits de carbone, éclaire la dynamique sectorielle et révèle où la France cale.
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Émissions de CO2 : un premier semestre 2025 sans élan en France
Au cœur du rapport, le constat est net : « D’après ces premières estimations, les émissions de GES sont relativement stables pour ce premier semestre, avec un niveau total, hors puits de carbone, à hauteur de 190 Mt CO2e (contre 191 Mt CO2e pour le premier semestre 2024) », précise le Citepa. Cette stabilité traduit une baisse des émissions de CO2 insuffisante pour la France, bien que le deuxième trimestre compense partiellement le démarrage poussif. En effet, après +0,9 % au T1 2025, les émissions de CO2 reculent de 2,5 % au T2, selon le Citepa.
Dans sa communication, le gouvernement reprend ces chiffres et situe la baisse des émissions de CO2 à −0,6 % au premier semestre, en cohérence avec le total de 189,7 Mt CO2e publié, tout en avertissant d’une projection annuelle de 366,3 Mt CO2e soit −0,8 % par rapport à 2024. Cette tendance est « très en deçà du rythme nécessaire », insiste aussi le Citepa, qui rappelle que les émissions de CO2 devraient diminuer d’environ 5 % par an sur 2022–2030. Pour Agnès Pannier-Runacher, citée dans un communiqué, «Les résultats des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas bons. Ils ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique, ni des capacités de la France ».
Émissions de CO2 : les secteurs qui freinent encore la France
Derrière la ligne de crête, la composition sectorielle des émissions de CO2 explique la stagnation. Les transports, environ un tiers des émissions nationales, reculent de 1,3 % au S1 2025 ; la route atteint 56,8 Mt CO2e avec diesel −4 % et essence +7 %. Malgré cette correction, la baisse des émissions de CO2 des transports ne compense pas les autres hausses en France, car la dynamique reste hétérogène. Par ailleurs, l’aérien domestique ne baisse plus au même rythme, tandis que l’aérien international augmente, ce qui pèse indirectement sur les tendances de CO2.
À l’inverse, l’industrie manufacturière et la construction réduisent leurs émissions de CO2 de 1,4 Mt CO2e (−4,3 %), sous l’effet d’une moindre activité dans la métallurgie et les matériaux, mais aussi d’une consommation énergétique plus sobre. Toutefois, la production d’énergie affiche des émissions de CO2 quasi stables, car le bénéfice électrique plus décarboné est partiellement effacé par la reprise du raffinage, dont les émissions bondissent de 14 % au premier trimestre. Surtout, le bâtiment dégrade l’atterrissage : +5,4 % au T1 (hiver plus froid), puis −6 % au T2, à l’arrivée +0,5 Mt CO2e (+1,5 %) au semestre. Cette inertie alourdit mécaniquement les émissions de CO2 de la France.
Émissions de CO2 : pourquoi la France reste loin de sa trajectoire
Le problème n’est pas l’absence de baisse des émissions de CO2, mais son ampleur. Pour tenir la cible 2030, la France doit viser environ −5 % par an ; −0,8 % en 2025 signale un écart structurel. En outre, la baisse des émissions de CO2 liée à l’électricité, moteur des deux dernières années, s’essouffle, tandis que les postes diffus – chauffage fossile, carburants essence, engrais azotés – tirent vers le haut. Ce mix d’effets conjoncturels (météo, cycle industriel) et d’effets structurels (rénovations, motorisations, pratiques agricoles) explique que les émissions de CO2 de la France ne décrochent pas franchement. Politiquement, l’alerte est claire.
Le ministère acte une baisse des émissions de CO2 trop faible et en appelle à la mobilisation de « l’ensemble des secteurs », reconnaissant que « l’atteinte de ces objectifs nécessite […] de baisser nos émissions brutes de l’ordre de 5 % chaque année jusqu’à 2030 ». Tant que ces arbitrages n’accélèrent pas, la baisse des émissions de CO2 en France restera sous-optimale.
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Source: www.greenetvert.fr