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Climat : la hausse des températures franchit une limite critique
Le mot « inéluctable » n’est pas utilisé à la légère dans le monde scientifique. Pourtant, Pierre Friedlingstein du CNRS affirme, dans des propos partagés par Les Echos : « Le dépassement du seuil de 1,5 °C est désormais inéluctable ». En 2024, la température moyenne mondiale a dépassé les niveaux préindustriels de +1,52 °C, dont 1,36 °C imputable aux activités humaines, selon le calcul précis du consortium.
Sur la décennie 2015-2024, le réchauffement anthropique a progressé à un rythme inédit de +0,27 °C, atteignant +1,24 °C en moyenne. Le phénomène El Niño, souvent désigné comme perturbateur naturel, n’explique qu’une part résiduelle de cette dynamique. Le cœur du problème est structurel : émissions de gaz à effet de serre record, effondrement du budget carbone, inertie du système climatique.
Tous les indicateurs dans le rouge, le budget carbone en lambeaux
Les émissions mondiales de CO₂ ont culminé à 54 milliards de tonnes par an sur la dernière décennie. Une valeur inédite, qui réduit à peau de chagrin le budget carbone résiduel, désormais estimé à 130 milliards de tonnes, soit à peine trois ans d’émissions à rythme constant. L’enjeu n’est plus de savoir si le seuil sera dépassé, mais combien de temps il le sera, et avec quelles conséquences systémiques.
Les scientifiques observent en parallèle une hausse accélérée du niveau de la mer : entre 2006 et 2024, celle-ci s’est accrue à un rythme de 3,91 mm par an, contre 1,85 mm au début du XXe siècle. Le niveau global des océans a déjà progressé de 22,8 centimètres depuis 1900. Et cette montée, prévient le rapport, se poursuivra pendant des siècles, même en cas d’arrêt total des émissions.
Climat : des voix scientifiques unanimes face à l’inaction
L’étude, conduite par Piers Forster de l’université de Leeds, rompt avec le ton habituellement mesuré du monde scientifique. « J’ai tendance à être une personne optimiste. Mais si on regarde la publication de cette année, tout va dans la mauvaise direction », déclare-t-il. Même tonalité chez Valérie Masson-Delmotte, climatologue au CEA, qui insiste, dans des propos partagés par Les Echos : « La suite dépend des choix qui vont être faits : nous pouvons, en réduisant fortement les émissions de gaz à effet de serre, limiter l’ampleur du réchauffement à venir et protéger les jeunes générations de l’intensification des événements extrêmes».
Mais de quelles décisions parle-t-on, exactement ? Alors que les émissions de particules (qui avaient un effet refroidissant temporaire) diminuent, les politiques publiques semblent engagées sur la voie de l’immobilisme camouflé par la diplomatie. À six mois de la COP30 au Brésil, le spectre du retrait américain des engagements climatiques sous Donald Trump vient compliquer encore la donne géopolitique.
L’illusion du contrôle s’effondre
L’une des conclusions les plus redoutables de l’étude réside dans l’énergie thermique supplémentaire piégée par la planète : une augmentation de 25 % en une décennie, soulignée par l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). Les chercheurs ne parlent plus de dérèglement climatique, mais de dérive systémique. Le paradigme des accords internationaux s’effondre à mesure que la neutralité carbone paraît hors d’atteinte avant 2050, alors que les délais d’action efficaces se comptent désormais en mois, non plus en décennies.
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Source: www.greenetvert.fr