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Les forêts canadiennes dévorées par les flammes
Depuis début mai 2025, des feux précoces d’une ampleur inédite embrasent les provinces centrales du Canada. Le Manitoba et la Saskatchewan, victimes d’une sécheresse historique, ont vu partir en fumée plus de deux millions d’hectares, une superficie équivalente à celle de la Slovénie. L’état d’urgence a été décrété, des villages entiers évacués, et l’armée mobilisée pour tenter de contenir l’imprévisible. À Fort Nelson, en Colombie-Britannique, « des réserves autochtones ont été rayées de la carte », rapporte Le Figaro, citant une déclaration alarmante de la ministre de la gestion des urgences, Eleanor Olszewski.
La saison s’annonce cauchemardesque. Déjà en mai, le Manitoba enregistrait 13 mégatonnes de carbone rejetées dans l’atmosphère, selon Copernicus (CAMS), soit trois fois plus que le précédent record mensuel de 2023. Des mégafeux, des évacuations massives, des sites pétroliers à l’arrêt en Alberta… et toujours cette même cause : un climat sec, des sols asséchés par la fonte rapide du manteau neigeux, et un environnement prêt à flamber au moindre déclencheur.
La fumée traverse l’Atlantique et atteint les forêts européennes
Loin de se contenir aux frontières canadiennes, le panache de fumée a entamé une longue dérive transatlantique. Ce n’est pas un phénomène isolé : Copernicus note qu’« un premier panache de fumée à haute altitude a traversé la région méditerranéenne les 18 et 19 mai», atteignant la Grèce, avant qu’un second nuage, bien plus dense, ne s’installe sur le nord-ouest de l’Europe. Depuis le dimanche 1er juin, la Bretagne est entrée sous le voile. Selon France Bleu, «le voile de fumée a abordé l’Ille-et-Vilaine dès dimanche, et ce mardi le Finistère ».
Et ce n’est qu’un début : la Loire-Atlantique et d’autres départements voient aussi leur ciel se charger d’une brume atypique. La forêt française, même à distance, en subit les reflets. Pas de danger pour la santé, rassure le service européen CAMS : «Le transport de fumée prévu ne devrait pas avoir d’impact significatif sur la qualité de l’air en surface, car de tels épisodes ont tendance à se produire à haute altitude».
Des couchers de soleil surréalistes mais des alertes ailleurs
Alors que la fumée colore les cieux hexagonaux de rouge et d’orange, les conséquences sont bien plus concrètes outre-Atlantique. Aux États-Unis, plusieurs États, dont le Wisconsin, le Michigan et le Minnesota, ont déclenché des alertes à la qualité de l’air. Environnement Canada alerte sur «une très mauvaise qualité de l’air et une visibilité réduite ». Si l’Europe échappe, pour l’heure, à ces effets au sol, les autorités sanitaires restent vigilantes.
« Nos données montrent que les régions centrales du Canada ont connu quelques semaines très intenses en termes d’émissions de gaz à effet de serre », observe Mark Parrington, scientifique au CAMS, dans des propos rapportés par le quotidien. Le panache transporte suies, particules fines et monoxyde de carbone, formant un cocktail visible depuis l’espace. À haute altitude certes, mais les crépuscules dardent désormais une lumière presque surnaturelle.
Une anomalie climatique devenue norme ?
Ce ballet de fumée dans le ciel français n’est pas une première. En juin 2023 déjà, un épisode similaire avait affecté la Bretagne. Mais cette répétition interroge : le réchauffement climatique n’est plus un horizon lointain, c’est une réalité incarnée par ces incendies précoces, massifs et désormais transcontinentaux. « Cette saison des incendies a commencé plus rapidement, et elle est plus forte, plus intense », a affirmé Eleanor Olszewski dans des propos rapportés parLe Figaro.
Pour Hossein Bonakdari, professeur en génie environnemental à l’Université d’Ottawa, la situation était prévisible : «La diminution importante du manteau neigeux au printemps a entraîné l’exposition précoce du sol et de la végétation, accélérant ainsi l’assèchement de surface », condition idéale pour un embrasement généralisé.
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Source: www.greenetvert.fr