Hybrides rechargeables : quand le vert tourne au gris
En octobre 2025, l’ONG européenne Transport et Environnement (T&E) a analysé la consommation réelle de milliers de voitures hybrides rechargeables, pour comparer les résultats aux chiffres officiels des constructeurs.
Selon les données de l'étude, en conditions réelles, les voitures hybrides rechargeables consomment en moyenne près de 6 litres de carburant pour 100 kilomètres. C’est quatre fois plus que les 1,5 litre annoncés lors des tests d’homologation WLTP, qui servent à mesurer la consommation et les émissions officielles.
Résultat : les conducteurs dépensent environ 500 euros de plus en carburant chaque année, un surcoût qui s’ajoute au prix déjà élevé de ces véhicules neufs.
L’utilisation n’est pas optimale
Plusieurs facteurs expliquent cette surconsommation. Les conducteurs de voitures hybrides rechargeables ont tendance à laisser leur véhicule déchargé et à rouler sur le moteur thermique. Selon le rapport, ils ne disposent pas tous d’une recharge à domicile. Celles qui sont publiques sont plus ou moins accessibles, ce qui les empêche de faire la recharge quotidienne nécessaire pour polluer moins.
"Même conduits en mode 'électrique', les PHEV consomment une quantité non négligeable de carburant, environ 3 l/100 km en moyenne, et émettent 68gCO2/km, soit plus de huit fois les valeurs WLTP", assure l’ONG Transport et Environnement.
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Les données de l'étude de T&E sont claires. Les hybrides rechargeables dont l’autonomie électrique est supérieure à 75 km émettent plus de CO2 que ceux dont l’autonomie est comprise entre 45 et 75 km. Le rapport démontre aussi, que les voitures plus récentes émettent davantage de CO2.
Le moteur électrique en lui-même n’est pas assez puissant pour maintenir des vitesses élevées sur une longue période. Il n’est pas non plus capable de grimper des pentes trop inclinées. C’est le moteur thermique qui vient alors en appui. Il fournirait de l'énergie pendant près d'un tiers de la distance censée être parcourue uniquement en mode électrique.
Le greenwashing des constructeurs européens
Malgré les résultats peu concluants du rapport, l’industrie automobile européenne souhaite que les véhicules hybrides rechargeables soient considérés comme neutres en carbone. Les données des milliers de véhicules testés montrent pourtant clairement que les PHEV émettent seulement 19 % de moins que les voitures diesel.
Les hybrides rechargeables sont l’une des pires déceptions de l’histoire automobile
Les constructeurs demandent également à l'UE de ne pas modifier ses "facteurs d'utilisation" pour corriger les émissions CO2 des hybrides rechargeables. Ces facteurs mesurent le ratio du temps pendant lequel un équipement est utilisé par rapport au temps total qu’il pourrait être utilisé. Ceux qui ont été fixés pour 2025 et 2027 doivent progressivement corriger l'écart entre les émissions officielles et les émissions réelles.
"Les hybrides rechargeables sont l’une des pires déceptions de l’histoire automobile" affirme Bastien Gebel, le responsable décarbonation de l’industrie automobile à T&E France. « Assouplir les règles pour les hybrides rechargeables revient à saborder la législation européenne sur les émissions de CO2 des voitures. »
Source: www.linfodurable.fr
