Dans les quartiers urbains comme dans les communes rurales, des lotissements plus ou moins denses de pavillons attendent de voir leur étiquette énergétique G passer au vert. Construction phare des années 1960 à 1980, leur apparence parfois tristoune cache des potentiels de performances, de confort et d’esthétique insoupçonnés. En quête de rénovation, l’isolation paille, les systèmes mixtes de chaleur et les équipements écologiques s’y appliquent comme de nouveaux beaux habits.
Si leur conception on ne peut plus simple offre des facilités de rénovation, entamer la réhabilitation d’un pavillon demande tout de même plusieurs précautions.
Dans son atelier francilien, Volker Ehrlich ne boude pas son plaisir. Depuis plus de 15 ans, cet architecte et maître d’œuvre collectionne les rénovations de pavillons. Ces symboles de la construction en série ont poussé comme des champignons dans les années 1960 à 1980, à un rythme à peine inférieur à celui des appartements dans les grands et moyens ensembles urbains. Plus sobres en surface habitable que leurs descendants des années 1990 (76 m2 contre 87 m2 en moyenne aujourd’hui(1)), ils allient le souvenir d’une accession heureuse à la propriété abordable pour la classe ouvrière en même temps que le premier pas dommageable vers des combustibles, isolants, voire colles largement issus de la pétrochimie.
Ces maisons, bâties avant la première réglementation thermique de 1975, ont l’avantage de se trouver à proximité de centres urbains et de posséder un jardin propice à la qualité de vie. En revanche, elles sont à l’origine et pour la plupart dénuées de tout complexe isolant, si ce n’est une lame d’air de 5 cm qui devait isoler les parois intérieures de la froideur du mur extérieur. « C’est un chantier énorme. Plus de 10 millions de pavillons potentiellement rénovables par l’extérieur avec des matériaux écologiques peu transformés, comme la paille qui permet de stocker du CO2 et est super isolante ! », s’enthousiasme celui qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte dans certains des chantiers qu’il dirige.
De fait, les performances énergétiques de départ de ces habitations sont médiocres. D’après les dernières données du Commissariat général au plan du développement durable de 2017, près de 42 % des logements construits entre 1948 et 1974 affichaient une étiquette énergétique F ou G et un tiers affichait un E. Quant à ceux construits entre 1975 et 1988, ils étaient encore 69,4 % à ne pas atteindre l’étiquette D, soit une consommation d’énergie au moins trois fois plus élevée qu’un niveau rénovation en basse consommation.
Un vaste vivier de maisons dont la performance peut facilement et très largement être améliorée. Mais « attention », prévient Volker Ehrlich, la rénovation des pavillons mérite plusieurs attentions. Si les postes de déperditions d’énergie commencent à être globalement connus et chiffrés, le premier réflexe doit rester de comprendre le fonctionnement propre à sa maison avant de projeter un plan de rénovation.
Soigner les murs
« Les pavillons sont le symbole d’une production rapide et peu qualitative en termes de matière, avec du parpaing et des briques alvéolaires. Certaines peuvent également avoir des faiblesses de structure [charpente trop faible pour accueillir certaines isolations en toiture, murs peu adaptés à la fixation mécanique d’isolants par l’extérieur, ndlr]. Il sera, par exemple, important de vérifier qu’il n’y a pas de risque de remontées d’eau dans les murs susceptible de compromettre un isolant posé par l’extérieur. Dans ce cas, l’alternative économique au drain et aux boîtiers électroniques qui inversent la circulation de l’eau sera de creuser soi-même un puisard perdu ou une tranchée extérieure pour drainer l’eau, sans oublier de protéger aussi le soubassement », explique l’architecte, qui utilise du Misapor, un verre cellulaire recyclé, ou du liège pour ce type de travaux.
Deuxième réflexe : prioriser l’isolation par l’extérieur (ITE), qui offre de meilleurs résultats que l’isolation par l’intérieur (ITI). « L’isolation de façade extérieure en limite de propriété ou chez le voisin ne doit plus être un frein, car les facilités légales existent », rappelle Samuel Courgey, co-auteur de L’Isolation thermique écologique, réédité en mars 2023 aux éditions Terre vivante, et animateur du site Internet associatif associationarcanne.com. Depuis le vote de la loi contre le dérèglement climatique d’août 2021, le droit de surplomb autorise en effet, contre indemnités, un empiètement de la propriété voisine de 35 cm en largeur avec un isolant posé à 2 m au moins au-dessus du pied du mur ou du sol, sauf accord entre les deux parties(2).
Pour lui, la maîtrise technique de cette isolation permet non seulement de gérer l’aspect thermique, mais aussi de maîtriser l’humidité dans la paroi, indispensable pour ces maisons qui font un bond en termes d’étanchéité dès lors que de nombreuses fuites d’air disparaissent si la rénovation est correctement réalisée. Elle permet aussi de mieux vivre son chantier puisqu’il est tout à fait possible d’emménager et d’aménager son intérieur sans vivre dans les travaux.
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Source: La Maison Ecologique