Bricoleur hors-pair, Serge Gay maîtrise à la fois la technique, la thermique et même l’artistique.
Il a construit « La Jeanne », sa maison en Haute-Loire, en alliant des murs Trombe, des matériaux bruts, des astuces low-tech… Le tout agrémenté de sculptures en bois. 10 ans plus tard, sa merveille a tout conservé de son bon sens.
J’apprécie particulièrement quand c’est complexe, quand il y a de la réflexion et des calculs », lance Serge Gay. Sa maison, où il vit avec sa femme Nicole depuis 2013, est à son image ! D’apparence simple et chaleureuse, la conception de « La Jeanne », comme il aime la nommer en référence au lieu-dit, est très ingénieuse. Passionné, curieux et persévérant, Serge a tout réalisé seul, des calculs thermiques à la charpente, en passant par les meubles en bois. Seuls les plâtres et le zinc de la toiture ont été réalisés par une entreprise. Ce travail lui a demandé pas moins de huit ans de travaux.
Gardien du barrage de Lavalette (Haute-Loire) et coureur de triathlon en loisir, Serge a relevé le défi de l’autoconstruction en 2005. Avec Nicole, ils achètent alors un terrain de 12 000 m2 au prix de 40 000 € à Saint-Jeure, petit village de Haute-Loire, entre les sucs et les forêts. Électricien de formation et bricoleur expérimenté, Serge arrête de travailler en 2013, à 58 ans. Il se consacre tout de suite à la construction de la maison. Son objectif ? En faire un habitat quasiment autonome en chauffage grâce à l’apport solaire. Il conçoit le logement de façon bioclimatique et utilise la technique des murs dits Trombe.
Savants calculs pour attraper le soleil
Des plaques noires en tôle d’acier au rez-de-chaussée, derrière une vitre, captent la chaleur du soleil et la diffusent progressivement dans les sols au cours de la journée. Pour arriver à un résultat performant, Serge prend de nombreux paramètres en compte dans ses calculs : d’abord la résistance thermique de chaque matériau (terre, béton, bois, liège, vitrage…), puis les apports solaires mensuels en y intégrant le masque solaire, les apports de chaleur humaine (100 Wh par personne en moyenne) et les besoins de la maison. Il calcule ainsi l’épaisseur des murs, leur surface et leur orientation afin d’atteindre une isolation exceptionnelle de résistance thermique R = 12 m².K/W*. La maison, dont la surface totale est de 170 m2, est habitable réellement sur 130 m2. Les 40 m2 de différence sont consacrés à l’isolation !
Autodidacte, Serge étudie beaucoup de livres sur les caractéristiques des matériaux et se forme au logiciel de base de données Access, afin de cumuler les paramètres. En Haute-Loire, l’apport solaire est de 1 kW/m2 si le soleil est perpendiculaire à la surface vitrée. Avec le double vitrage, 60 % de la chaleur traverse l’ouverture. Avec le triple, ce ratio tombe à 50 %. L’apport sera donc de 500 W/m2.
Avec 50 m2 de vitrage répartis sur les deux niveaux de la façade sud (18 m de long), Serge dispose d’environ 20 kW par heure d’apport d’ensoleillement en hiver. Mais qui dit « gros apports solaires », dit « surchauffe » en été. Pour éviter cette situation, il conçoit un volume de stockage thermique élevé. Les murs intérieurs sont composés de parpaings en ciment, à l’envers et remplis de terre pour apporter de l’inertie.
En plus de l’apport solaire, Serge et sa femme utilisent un fourneau qui sert également pour la cuisine, et un poêle qu’ils ont récupéré. Le couple n’a consommé que deux stères de bois pour atteindre les 20°C de moyenne en 2022, une année faiblement ensoleillée. « Avec le recul, j’aurais dû prendre en compte dans mes calculs le temps d’inertie pour que les murs se réchauffent, précise-t-il. Mais c’est un détail, car le réel est très proche des estimations et nous n’avons jamais de sensation de froid. »
Cet article Autoconstruire : Leur demeure ingénieuse et solaire est apparu en premier sur La maison écologique.
[Article Payant – Lire l'article en intégralité]
Source: La Maison Ecologique