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Un mécanisme sous les feux de la rampe à Belém
Le 10 novembre 2025, les délégations internationales ont convergé vers Belém pour la 30e Conférence des Parties (COP30), avec l’espoir de raviver l’ambition climatique mondiale. Toutefois, un point précis de la politique européenne a rapidement polarisé les débats : le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM), déjà testé depuis 2023, mais dont l’application complète est prévue pour janvier 2026. Cette mesure vise à imposer une taxe carbone sur les importations de produits à forte intensité d’émissions, comme l’acier, l’aluminium, le ciment, l’électricité ou encore les engrais.
Elle est présentée par Bruxelles comme un outil de lutte contre la fuite carbone, ce phénomène par lequel les industries délocalisent leur production vers des pays à normes environnementales moins strictes. Le commissaire européen au climat, Wopke Hoekstra, a défendu sans ambiguïté la mesure dès son arrivée à Belém, cité par Terre Net : « La tarification du carbone est une mesure que nous devons mettre en œuvre avec le plus grand nombre possible, et le plus rapidement possible ». Cette déclaration réaffirmait la volonté de l’UE d’imposer un prix universel au carbone, y compris pour les acteurs économiques extérieurs.
Une taxe carbone dénoncée comme une barrière commerciale
Mais face à cette stratégie européenne, plusieurs pays ont dénoncé unilatéralement ce qu’ils considèrent comme un déguisement de protectionnisme commercial. L’Inde, en chef de file du groupe BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine) et des pays LMDC (Like-Minded Developing Countries), a déclaré que le CBAM « contredit l’esprit de la Convention des Nations unies sur le climat ». La déclaration officielle qualifie les « mesures commerciales unilatérales telles que le mécanisme européen » d’«instrument de protectionnisme ». Selon les diplomates présents, les États-Unis et la Chine n’ont pas émis de déclaration aussi frontale, mais se sont alignés sur la même ligne de crainte : celle d’un précédent qui pourrait ouvrir la voie à une multiplication de taxes environnementales aux frontières, sans concertation internationale.
Le dispositif européen est ainsi perçu, dans les couloirs de Belém, comme une menace potentielle contre le principe de justice climatique. Cette crainte se cristallise d’autant plus que le CBAM intervient alors que les pays en développement réclament davantage de financements climatiques. Pour plusieurs observateurs, faire peser une contrainte fiscale supplémentaire sur les exportateurs du Sud global revient à inverser la logique de responsabilité différenciée établie par les Accords de Paris.
Une ligne de fracture diplomatique à la COP30
À mesure que les jours avancent, le mécanisme européen devient l’un des points de friction majeurs des négociations à Belém. Certains pays demandent à inscrire à l’ordre du jour officiel la question des « mesures commerciales unilatérales », avec une référence explicite à la taxe carbone européenne. La proposition a été soutenue par plusieurs membres du G77, un groupe de pays en développement influent au sein des négociations climatiques. L’Union européenne, de son côté, tente d’amortir le choc en insistant sur le caractère climatique et non protectionniste du mécanisme. « C’est une chose que nous devons vraiment poursuivre. La tarification du carbone est une démarche que nous devons mener avec le plus grand nombre possible, et aussi rapidement que possible », a déclaré Wopke Hoekstra devant les ministres réunis.
L’objectif affiché est d’inciter les autres régions du monde à instaurer leurs propres mécanismes de tarification carbone. D’ailleurs, plusieurs sources proches des négociations évoquent des discussions exploratoires entre l’UE et certains partenaires d’Amérique latine pour mettre en place des équivalents locaux du CBAM, dans un cadre multilatéral. Cependant, les pays opposés à cette mesure estiment qu’aucune norme internationale ne peut être imposée de manière unilatérale. Ils rappellent que les engagements climatiques doivent s’accompagner de soutien technologique et financier, et non de sanctions déguisées sur les exportations.
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Source: www.greenetvert.fr
