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Une percée spectaculaire mais incomplète des énergies renouvelables
Depuis l’adoption de l’Accord de Paris, les énergies renouvelables connaissent une expansion fulgurante. En l’espace de neuf ans, la production mondiale d’électricité issue de sources renouvelables a crû de 68 %, portée essentiellement par le solaire et l’éolien. Le solaire a, à lui seul, enregistré une envolée de 700 % entre 2015 et 2024, ce qui traduit une accélération sans précédent dans le secteur énergétique mondial. En 2025, cette progression s’est confirmée. Au premier semestre, la production d’électricité renouvelable a atteint 5 072 TWh, dépassant pour la première fois celle générée par le charbon (4 896 TWh), comme l’indique Reuters dans son rapport du 7 octobre 2025. Ce basculement symbolique est renforcé par une autre donnée clé : la totalité de l’augmentation de la demande mondiale d’électricité (+369 TWh) sur la même période a été satisfaite par le solaire (+306 TWh) et l’éolien (+97 TWh), révèle également Reuters.
Cet essor est en partie soutenu par une transformation économique profonde. Selon l’International Renewable Energy Agency (IRENA), 91 % des nouveaux projets dans les renouvelables lancés en 2025 sont désormais plus rentables que leurs équivalents fossiles. «Environ 90 % des énergies renouvelables sont moins chères que les combustibles fossiles à l’échelle mondiale », précise l’agence dans un rapport relayé par Reuters le 22 juillet 2025. Néanmoins, cette dynamique ne masque pas une réalité persistante : malgré cette montée en puissance, les renouvelables ne représentent toujours qu’une fraction du mix énergétique mondial. Leur rôle reste subordonné à une volonté politique claire de désinvestir massivement des énergies fossiles.
Fossiles : une domination qui persiste en dépit des promesses
En dépit des efforts déployés en faveur des énergies propres, les émissions mondiales de CO₂ issues de l’énergie ont atteint un record de 40,8 gigatonnes en 2024, soit une hausse de 1 % par rapport à l’année précédente, selon Reuters. Cette progression, loin d’illustrer une rupture, démontre la résilience des énergies fossiles dans les économies développées comme émergentes. Aux États-Unis, la production d’électricité à base de charbon a augmenté de 23 % au premier trimestre 2025 par rapport à la même période de 2024. En Europe, le gaz reste également une composante clé du système énergétique.Ces deux régions figurent parmi les principales contributrices à la hausse des émissions mondiales cette année. Sur le plan diplomatique, laCOP30 illustre la difficulté à aligner les ambitions climatiques avec les intérêts géopolitiques.
Le débat autour d’un « fossil fuel phase-out » (abandon progressif des combustibles fossiles) divise profondément les États. À Belém, la coalition des pays industrialisés a perdu de son influence face aux pays producteurs d’hydrocarbures. Dans ce contexte, une proposition centrale – le « Belém 4X Pledge on Sustainable Fuels » – censée quadrupler l’usage de carburants dits durables (hydrogène, biogaz, e-fuels) d’ici à 2035, a été critiquée. La Climate Action Network (CAN) l’a rejetée le 10 novembre 2025, dénonçant «une manœuvre pour prolonger l’usage des fossiles sous couvert de transition ». Selon l’organisation, cette stratégie constitue une diversion par rapport aux actions structurelles attendues.
COP30 : virage décisif ou sommet d’illusion ?
Le sommet climatique de Belém, qui se tient du 10 au 21 novembre 2025, pourrait être l’un des plus déterminants depuis la COP21. Pour la première fois, les États doivent réviser collectivement leurs objectifs nationaux dans le cadre d’un processus d’évaluation défini par l’Accord de Paris. Le lieu même du sommet est hautement symbolique. L’Amazonie, considérée comme un régulateur climatique majeur, subit de plein fouet les effets de la déforestation et du réchauffement. Dans son discours inaugural, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a affirmé : « La Terre ne peut plus supporter le modèle de développement fondé sur l’usage intensif des combustibles fossiles qui prévaut depuis deux cents ans. ». Une déclaration forte, qui résonne comme un appel à une rupture historique. Pourtant, derrière ces engagements de façade, plusieurs freins persistent. Le financement climatique est encore largement insuffisant. Le plan « Baku-Belém Roadmap », qui vise à mobiliser 1,3 trillion de dollars par an pour soutenir la transition d’ici 2035, reste embryonnaire.
L’UE a fixé sa position dès le 21 octobre 2025, affirmant vouloir «faire de la transition énergétique le cœur des négociations ». Mais l’absence annoncée de plusieurs chefs d’État majeurs laisse craindre un manque de volonté politique au plus haut niveau. Certains observateurs estiment que cette COP pourrait reproduire les schémas des précédents sommets : des engagements non contraignants et un manque d’outils pour en assurer l’application. À cela s’ajoutent les tensions entre pays du Sud global et nations industrialisées. Les premiers réclament plus de moyens financiers et technologiques pour mener leur propre transition, tandis que les seconds hésitent encore à rompre avec les lobbys fossiles.
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Source: www.greenetvert.fr
