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La consigne du verre réapparaît dans quatre régions : un dispositif calibré au centime près
Ramener une bouteille vide contre dix ou vingt centimes, c’était courant il y a quarante ans. Aujourd’hui, l’opération, relancée dans seize millions de foyers potentiels, cible un enjeu bien plus vaste, sortir du tout-jetable. Le projet, qui durera dix-huit mois, s’appuie sur une étiquette violette et jaune pour identifier les bouteilles réutilisables. Ces dernières devront être retournées dans des magasins partenaires équipés de machines spécifiques, capables de scanner les codes-barres et de reconnaître les contenants éligibles.
Valentin Fournel, directeur innovation, écoconception et réemploi chez Citeo, explique dans des propos partagés par 20 Minutes : « Ce dispositif permettra de récupérer évidemment son montant de consigne initial et de rendre l’emballage pour qu’il puisse être collecté, lavé et remis en circulation ». Pour chaque bouteille rapportée, 10 centimes d’euro sont versés pour les petits formats, 20 centimes pour les grands, sous forme de bon d’achat, monnaie ou carte bancaire. Rien n’est laissé au hasard.
Qui joue le jeu ? Une bataille de distributeurs, de brasseurs… et d’image
Le retour de la consigne s’appuie sur une mobilisation d’ampleur. Huit grandes enseignes de la distribution, Carrefour, Intermarché, Leclerc, Monoprix, Système U, Biocoop, Auchan et la Brasserie du Bout du Monde, ont accepté d’installer les bornes. À leurs côtés, plus de cinquante industriels participent, notamment des brasseurs et producteurs de jus. L’objectif ? Mettre sur le marché 30 millions d’emballages réutilisables dès 2025, et atteindre 55 millions d’ici à 2026 via 750 points de collecte.
Une première étape dans la course à la circularité imposée par la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), qui fixe 10 % d’emballages réemployés d’ici 2027. Sauf que ce seuil, loin d’être un cap facile, n’est toujours pas atteint : « La France est à la traîne », reconnaît Citeo. Cette initiative vise à structurer une filière nationale du réemploi, avec des bouteilles standardisées “R‑Coeur”, une réponse au coût croissant du verre et à l’inefficacité du recyclage à 100 %. La consigne, elle, permet de réutiliser le même contenant jusqu’à 20 fois, selon les acteurs du projet.
Environnement, logistique, acceptabilité : les écueils d’une renaissance
La transition vers un modèle de réemploi soulève des défis redoutables. Les machines de collecte doivent être fiables, les bouteilles lavées localement pour éviter les allers-retours inutiles, et les formats harmonisés. En clair, il ne suffit pas de relancer un geste, il faut reconstruire toute une infrastructure industrielle, à l’échelle régionale.
Même son de cloche du côté des acteurs de terrain, comme Le Fourgon, entreprise de livraison zéro déchet. Sans un maillage fin des installations, le modèle vacille. Le scepticisme des consommateurs constitue aussi un obstacle. Si 80 % d’entre eux sont favorables à la consigne (selon un sondage Ifop-Citeo), leur adhésion dépendra de la facilité d’accès, de la clarté des consignes… et du montant de la récompense.
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Source: www.greenetvert.fr