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Une trajectoire explosive pour la demande mondiale de climatisation
Selon le rapport Global Cooling Watch 2025 publié le 11 novembre 2025, la demande mondiale en climatisation est en passe de connaître une croissance fulgurante. Le PNUE estime que « la capacité de refroidissement pourrait plus que tripler d’ici à 2050 si les tendances actuelles se poursuivent », sous l’effet combiné de l’augmentation démographique, de la montée des revenus dans les pays émergents et de l’intensification des vagues de chaleur extrême. Dans les faits, cette explosion s’explique par une urbanisation rapide dans les régions chaudes et par l’accession de milliards de personnes à des standards de vie permettant l’achat de systèmes de refroidissement. Mais cette évolution n’est pas sans conséquences. Comme le précise le PNUE, « plus d’un milliard de personnes n’ont pas encore accès à un refroidissement adéquat — et sans action, ce chiffre pourrait tripler d’ici à 2050 ».
Il ne s’agit pas uniquement de confort thermique. La climatisation devient progressivement une composante essentielle de l’infrastructure urbaine, indispensable à la santé, à la sécurité alimentaire, à la conservation des médicaments, ou encore à la résilience face aux événements climatiques extrêmes. « L’accès au refroidissement doit être traité comme une infrastructure essentielle, au même titre que l’eau, l’énergie et l’assainissement », affirme le rapport.
Un impact énergétique et climatique colossal
Cette progression de la climatisation pose un redoutable défi énergétique. D’après les projections du PNUE, les émissions de gaz à effet de serre liées au refroidissement pourraient atteindre 7,2 milliards de tonnes de CO₂‑équivalent en 2050, contre 4,1 Gt en 2022. Ce chiffre inclut à la fois la consommation électrique des appareils et les émissions liées aux fluides frigorigènes à fort pouvoir de réchauffement global. Une telle augmentation exercerait une pression considérable sur les réseaux électriques.
En période de canicule, les pics de consommation dus à la climatisation pourraient saturer les infrastructures énergétiques, notamment dans les pays aux réseaux fragiles. Le rapport met en garde : « les réseaux électriques pourraient être submergés pendant les pointes de demande ». Face à ces menaces, le PNUE propose un scénario alternatif : le « Sustainable Cooling Pathway ». Il repose sur trois piliers : l’amélioration de l’efficacité énergétique des appareils, l’intégration de solutions passives (ventilation naturelle, ombrage, isolation) et la décarbonation rapide du secteur de l’électricité. Ce scénario permettrait de réduire les émissions liées au refroidissement à 2,6 Gt de CO₂‑équivalent en 2050, soit une baisse de 64 % par rapport au scénario de base.
Des milliards en jeu pour une transition climatique efficace
Derrière ces enjeux techniques se dessine une transformation profonde des modèles économiques liés à la climatisation. Le PNUE chiffre à 43 000 milliards de dollars les économies potentielles sur la période 2025–2050 grâce à une transition vers des technologies durables et des infrastructures plus intelligentes. Pour atteindre ces objectifs, les solutions dites « passives » jouent un rôle clé. Il s’agit d’architectures bioclimatiques, d’isolations renforcées, de végétalisation urbaine, mais aussi de technologies hybrides peu consommatrices combinant ventilation et refroidissement intelligent. Selon le PNUE, « les solutions passives, efficientes en énergie et fondées sur la nature peuvent contribuer à satisfaire nos besoins croissants en refroidissement, tout en protégeant les populations, les chaînes alimentaires et les économies ».
Mais la transition vers un refroidissement durable ne peut être laissée au seul marché. Elle nécessite des politiques publiques ambitieuses, un encadrement des normes d’efficacité énergétique, un soutien aux technologies propres et un accompagnement des pays les plus vulnérables. Sans cela, les inégalités d’accès à la climatisation risquent de s’accentuer, aggravant les injustices climatiques déjà existantes. À l’heure où la planète se réchauffe inexorablement, la manière dont l’humanité choisira de se rafraîchir pourrait devenir un facteur décisif pour la stabilité climatique du XXIe siècle.
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Source: www.greenetvert.fr
