Changement climatique : à quoi pourrait ressembler l’homme du futur ?
Alors que le monde se dirige vers un réchauffement climatique, appelé à s’intensifier dans les années à venir, quelles conséquences pourraient avoir l’augmentation des températures sur notre corps humain, et plus particulièrement sa morphologie ? L’homme sera-t-il plus grand ou plus petit ? Aura-t-il un nez plus fin ou plus large ? La taille de son cerveau va-t-elle augmenter ou au contraire diminuer ? Eléments de réponse avec Alain Froment, médecin et anthropologue biologiste, directeur de recherche émérite au musée de l’Homme à Paris et à l’IRD (Institut de recherche pour le développement).
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Dans quelle mesure le climat a-t-il façonné le corps humain ?
Depuis les origines de l’humanité, notre corps a évolué en fonction du climat. Il y a 3 millions d’années, en Afrique, quand les Australopithèques ont commencé à se transformer pour devenir des Homo habilis puis Homo Erectus…, il faisait deux à trois degrés de plus que maintenant. Pour s’adapter à cette chaleur mais aussi pour courir sur de plus longues distances, nos ancêtres hominidés ont perdu leur pelage. Leur système de transpiration s’est également transformé avec le développement de glandes sudoripares eccrines qui permettent, sous l’effet de la sueur, de sécréter un liquide indispensable pour maintenir la température interne à 37°C.
Y a-t-il d’autres marqueurs physiologiques qui sont le résultat de cette adaptation au climat ?
La couleur de la peau est un autre indicateur. Lorsque les premiers Homo sapiens ont quitté l’Afrique pour migrer vers le Nord, ce que l’on appelle les migrations « Out of Africa », ils ont progressivement perdu la couleur foncée de leur peau car leur quantité demélanine a diminué. Produit par notre organisme, ce pigment naturel permet de protéger la peau contre les rayons ultraviolets (UV) qui peuvent être dangereux notamment dans les zones très ensoleillées. La mélanine laisse aussi passer certains UV pour que notre corps fabrique de la vitamine D, essentielle pour fixer le calcium sur les os et éviter le rachitisme. Ainsi, quand les hommes modernes sont partis d’Afrique pour s’établir en Eurasie, leur problème n’a pas été la chaleur mais le froid et le manque d’ensoleillement.
Le réchauffement climatique va-t-il de nouveau nous amenés à évoluer ?
Tout dépend du nombre de degré et des régions où l’on se trouve. Si la température augmente de deux degrés à Paris, vous aurez le climat de Nice ce qui n’est pas dramatique. En revanche, dans des zones du monde où les températures dépassent les 50°C, comme en Inde lors d’épisodes de canicule , c’est plus problématique. Aujourd’hui, les adaptations ne sont pas physiologiques mais plutôt culturelles, avec par exemple l’augmentation de l’usage de la climatisation qui n’est pas sans conséquences sur la production de C02.
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Une étude d’une équipe de chercheurs du Musée d’histoire naturelle de Californie suggère que la taille du cerveau humain aurait rapetissé au cours des dernières millénaires quand le climat s’est réchauffé…
C’est une question complexe. Le cerveau a certes diminué mais cela n’est pas uniquement lié à des facteurs environnementaux. On pense que les perturbateurs endocriniens pourraient aussi être en cause. Plus globalement, depuis dix mille ans, le climat n’a pas changé suffisamment au point de modifier la forme du squelette ou la taille du cerveau, du moins de façon signifiante. A titre indicatif, il a fallu attendre plusieurs milliers d’années pour que les Européens perdent leur couleur noire. Par ailleurs, d’un point de vue biologique, il faut un million d’années pour qu’une espèce se transforme en une autre. Certes, l’augmentation de la population sur Terre accroit la probabilité d’avoir des mutations adaptatives pour des circuits métaboliques, mais il faut bien avoir en tête que cela va très lentement.
Le saviez-vous ?
Sous l’effet du changement climatique et de la hausse des températures, certaines espèces animales rétréciraient. Publiée le 7 septembre 2023, une étude, dirigée par les universités de Saint-Andrews et Nottingham, montre en effet que la taille des poissons a diminué depuis l’anthropocène.
Plus que le climat, est-ce la technologie qui va modeler l’homme du futur ?
Il est vrai que l’évolution technologique va beaucoup plus vite que l’évolution biologique. Pour s’adapter aux changements marins, il n’est pas impossible que l’homme construise des villes flottantes. Face aux aléas climatiques, des écosystèmes arficiels pourraient voir le jour sur Terre voire sur la Lune. Le futur de l’homme ne dépend pas uniquement de la technologie mais aussi de l’évolution de son environnement. Sous l’effet du réchauffement climatique, l’avenir pourrait se dessiner dans des zones aujourd’hui considérées comme inhabitables, à l’image de la Sibérie ou les zones arctiques.
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Source: www.linfodurable.fr