L’autorisation serait temporaire, valable jusqu’en 2033, et encadrée par un décret émis sur avis d’un conseil de surveillance dédié. Une durée « provisoire » de huit ans, soit une éternité pour une ruche. D’autres molécules controversées, le sulfoxaflore et le flupyradifurone, sont également concernées par cette offensive législative. Dans les rangs de l’opposition, la colère gronde. La députée écologiste Delphine Batho dénonce « une attaque frontale contre la science, la santé et la souveraineté ». Quant au Rassemblement national, il tente de minimiser les risques en affirmant que «l’acétamipride est 3 000 à 4 000 fois moins toxique que les autres molécules», un argument contesté par l’ensemble des études scientifiques récentes.
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La révolte silencieuse des laboratoires face au retour des néonicotinoïdes
Dans le laboratoire de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) d’Avignon, l’heure n’est pas à la politique mais à la rigueur scientifique. Les chercheurs de l’unité « Abeilles et Environnement » s’affairent dans un jardin qui bruisse de butineuses soumises à une batterie de tests implacables. Depuis une décennie, ils y démontent avec précision les effets insidieux des pesticides sur les pollinisateurs.
Freddie-Jeanne Richard, directrice de recherche en biologie et comportement de l'abeille, est formelle dans des propos rapportés par France 24 : « On a pu démontrer que les pesticides (…) aux doses qu'on utilise actuellement, ont des impacts non létaux (qui n'entraînent pas la mort) sur les pollinisateurs». Une phrase clinique, mais qui masque une réalité alarmante : des colonies d’abeilles désorientées, des reines stériles, des couvains compromis. Le retour possible des néonicotinoïdes dans les champs français fait planer une ombre lourde sur les efforts de dix années de recherche.
Pesticides : les conséquences visibles sur le terrain
Dans les rangs de l’opposition, la colère gronde. La députée écologiste Delphine Batho dénonce, dans des propos rapportés par L'Indépendant «une attaque frontale contre la science, la santé et la souveraineté ». Quant au Rassemblement national, il tente de minimiser les risques en affirmant que « l’acétamipride est 3 000 à 4 000 fois moins toxique que les autres molécules », un argument contesté par l’ensemble des études scientifiques récentes.
Sur le terrain, les conséquences sont visibles. À l’Inrae, chaque abeille testée reçoit une puce RFID de la taille d’une écaille. Julie Fourrier, chargée de mission en écotoxicologie expérimentale, explique dans des propos rapportés par France 24 : «L'arrivée de cette technologie nous a permis des avancées majeures au niveau du suivi de l'activité des abeilles». Les butineuses, relâchées à un kilomètre de la ruche, doivent retrouver leur chemin. Beaucoup n’y parviennent jamais. Désorientées, elles meurent seules, loin de leur colonie. Les ruches se vident, les apiculteurs se désespèrent. Cédric Alaux, directeur de recherche en biologie et protection des abeilles à l’Inrae, tire la sonnette d’alarme : «La toxicité des néonicotinoïdes a été prouvée vingt fois, à la fois en condition de laboratoire mais aussi sur le terrain ». Pour lui, autoriser à nouveau ces substances équivaut à « un retour en arrière ».
Acétamipride : retour d’un poison connu
Interdit depuis 2018, l’acétamipride est aujourd’hui en passe de retrouver sa place dans les cultures françaises, notamment pour les filières betteravière et fruitière. Ce pesticide agit sur le système nerveux des insectes, les paralysant avant de provoquer leur mort. Il est pulvérisé sur les aubergines, pommes, navets, melons ou poivrons. Officiellement, il est encore autorisé ailleurs en Europe. Officieusement, son usage en France avait été stoppé sous la pression d’une mobilisation massive des apiculteurs et de la société civile.
La nouvelle proposition de loi prévoit un cadre réglementaire, une autorisation de mise sur le marché délivrée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Mais que vaut un cadre quand les dégâts sont déjà connus ? La science a démontré que même à faible dose, ces substances altèrent les capacités de navigation, de reproduction et de survie des abeilles.
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Source: www.greenetvert.fr