A69: un expert de l’ONU demande une meilleure protection des opposants
Le rapporteur spécial de l'ONU Michel Forst a demandé jeudi aux autorités françaises des "mesures immédiates de protection" des opposants à l'autoroute A69 qui campent en haut des arbres pour empêcher la poursuite de ce chantier controversé.
M. Forst qui s’est rendu dans le Tarn les 22 et 23 février demande notamment « une enquête et des sanctions pour les actes de privation de sommeil, de combustion de matériaux, d’allumage de feux et de déversement de produits a priori inflammables par les forces de l’ordre, qui ont pu mettre en danger la vie » de ces opposants au projet d’autoroute Toulouse-Castres, baptisés « écureuils ».
Il demande aussi "l'autorisation sans délai et sans entrave du ravitaillement en nourriture et en eau potable" de ces militants et des "mesures de précaution indispensables à la sécurité des +écureuils+ et des membres des forces de l'ordre chargés de leur interpellation".
Dans sa déclaration de fin de mission, M. Forst exprime ses "vives préoccupations" concernant "le climat particulièrement tendu sur le site" où campent ces opposants à Saïx (Tarn).
Le "fort sentiment d'injustice et d'impuissance" des défenseurs de l'environnement présents sur place est "exacerbé par une présence massive de forces de l'ordre", écrit-il.
Le rapporteur spécial de l'ONU sur la protection des défenseurs de l'environnement fait également état "d'autres informations très préoccupantes, relatives aux méthodes de maintien de l'ordre pendant les différents rassemblements à proximité du site" au cours du mois de février.
"Cela inclut un usage disproportionné et indiscriminé de grenades lacrymogènes, y compris en direction des arbres occupés; des arrestations violentes, y compris des coups de matraques, coups de pieds et coups de poings portés contre des manifestants au sol", ajoute-t-il.
En fin de journée, le préfet du Tarn a réagi dans un communiqué en démentant "les affirmations de la publication de M. Forst".
Le préfet "regrette que M. Forst n'ait pas tenu compte dans sa publication des explications qui lui ont été données pendant 1h30, qui démentent formellement les allégations qu'il rapporte", a-t-il ajouté.
Plusieurs manifestations ont été organisées contre le projet, les opposants proposant des alternatives, telles l'amélioration de la route nationale existante ou de la desserte ferroviaire.
Des élus du Tarn ont dénoncé un chantier en "totale contradiction avec l'urgence climatique", mais d'autres, de tous bords politiques, soutiennent la construction de cette portion d'autoroute de 53 km, qui réduirait d'une vingtaine de minutes le trajet Castres-Toulouse, actuellement d'environ 1h20.
Le gouvernement s'est dit décidé à mener "jusqu'à son terme" le projet, dont la mise en service est prévue en 2025.
Source: www.linfodurable.fr