Et la promesse est spectaculaire, ce polymère se dissout intégralement dans l’eau de mer en moins de trois heures, évitant la redoutable fragmentation en particules nocives. Mieux encore, il peut être recyclé sans pertes significatives et métabolisé par les bactéries. Fini les sacs fantômes flottant entre deux eaux, les bouteilles échouées, les fibres invisibles s’incrustant dans les tissus biologiques.
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Un plastique dissout dans l’océan
« Adieu microplastiques : un nouveau plastique recyclable et totalement dégradable en mer », titrait sobrement le site de RIKEN dans son communiqué. Derrière ce titre, une innovation fondée sur la chimie supramoléculaire : deux monomères, l’hexamétaphosphate de sodium et des ions de guanidinium, forment un polymère cohérent tant qu’il est au sec. Mais exposé à l’eau salée, ce dernier se désassemble sous l’effet des « ponts salins », ces ponts ioniques affaiblis par les électrolytes marins.
Edward Back, dans Futura-Sciences, résume l’exploit ainsi : « Pour un morceau de cinq centimètres, il suffit de deux ou trois heures dans de l’eau de mer pour dissoudre le plastique, ou une dizaine de jours dans la terre. » L’enjeu dépasse le simple remplacement de la bouteille d’eau. Ce nouveau thermoplastique, malléable à partir de 120 °C, résiste mécaniquement autant qu’un plastique à base de pétrole, tout en étant non toxique, ininflammable et recyclable à plus de 90 %.
Une solution miracle que les chercheurs prennent au sérieux
Pas de greenwashing ici. L’équipe du Pr Easan Sivaniah à Kyoto University, interrogée par le Japan Times, reconnaît la validité scientifique de l’approche, soulignant qu’« aucun polymère commercial à ce jour n’est capable d’une telle biodégradation complète en milieu marin.»
Le tout, sans aucune émission significative de dioxyde de carbone pendant sa synthèse, selon les données publiées par l’équipe RIKEN. Plus fort encore, ce plastique pourrait être recouvert d’un film hydrophobe qui le rend temporairement insensible à l’eau, afin de servir dans des conditions d’usage normales sans se désintégrer au premier contact avec l’humidité.
Et après ? Des promesses mais encore des doutes
Oui, ce plastique semble parfait. Mais non, il n’est pas encore commercialisé. Le professeur Hirosuke Matsukawa, chimiste des polymères à l’université de Nagoya, rappelle dans Packaging Insights que « la mise à l’échelle industrielle et la compatibilité avec les procédés de fabrication actuels restent à prouver ».
Les secteurs les plus pressés, comme l’emballage alimentaire, l’impression 3D et la médecine, ont déjà fait part de leur intérêt, mais aucun calendrier commercial précis n’a été annoncé. En attendant, le plastique issu du pétrole continue d’empoisonner nos océans, avec près de 84 800 particules de microplastiques par km² en Méditerranée .
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Source: www.greenetvert.fr