Renouvelable : où en est réellement la France comparée aux pays européens ?
"Nous avons la chance d’avoir une énergie qui nous permet d’avoir l’électricité la plus décarbonée d’Europe avec la Suède", se réjouissait en août dernier Agnès Pannier-Runacher, alors ministre de la Transition énergétique. Il est vrai que la France est championne en matière d’énergie décarbonée, aussi appelée énergie propre. Seulement, propre ne veut pas dire renouvelable. Dans ce registre au contraire, le pays affiche du retard en comparaison à ses voisins de l’Union européenne.
Pour rappel, l’énergie propre provient de sources qui ne produisent pas d’émissions de GES (gaz à effet de serre), principaux responsables du dérèglement climatique. Elle regroupe l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables. Ces dernières, quant à elles, sont définies par l’ONU comme les « énergies provenant de sources naturelles qui se renouvellent à un rythme supérieur à celui de leur consommation. » Parmi ces sources se trouvent par exemple la lumière du soleil, le vent, l’eau ou encore les matières organiques.
La France, moins bon élève que ses camarades européens
En 2023, les pays européens battent des records en termes d’énergie renouvelable. L’Espagne et l’Allemagne produisent plus de la moitié de leur électricité en renouvelable, avec des parts respectives de 50,4 % et 54,9 % de la production totale. On observe une situation similaire en ce qui concerne la consommation, avec une part d’énergie renouvelable qui s’élève à 52 % en Allemagne et 61 % au Portugal. À noter que la différence entre l’énergie consommée et produitepeut s’expliquer par le mode de calcul, incluant ou non l’autoconsommation par exemple.
Ces avancées très encourageantes en Europe restent moindres chez nous. Dans l’Hexagone, les données de la RTE (Réseau de Transport de l’Électricité) indiquent que les énergies renouvelables constituent 28,5 % de l’électricité produite en 2023. En 2022, elles représentaient 22,4 % de l’énergie produite et20,7 % de l’énergie consommée. L’année 2023 marque donc une avancée conséquente en termes de renouvelable, mais la France reste en dessous de ses voisins limitrophes.
En revanche, l'énergie nucléaire regagne du terrain en 2023, représentant désormais 65 % de l’énergie produite. Or, s’il n’émet pas de GES, le nucléaire pose d’autres problèmes environnementaux. La production de déchets est notamment souvent dénoncée par les associations de défense du climat.
Les résultats de la France critiqués
En début d’année, le gouvernement français a présenté son projet de loi pour la souveraineté énergétique, qui a reçu de vives critiques. Les associations de défense du climat déplorent l’absence d’objectifs chiffrés en matière de renouvelable, au profit du nucléaire largement mis en avant. « Le projet de loi abandonne toute ambition pour les énergies renouvelables en revenant en arrière par rapport à la loi actuelle », regrette le Syndicat des Énergies Renouvelables dans un communiqué.
Un point de vue partagé par l’association Réseau Action Climat, qui qualifie ce projet de loi de « recul par rapport à ce qui était attendu sur la partie climat ». À ces inquiétudes s’ajoute la suppression du Ministère de la Transition énergétique, rattaché au Ministère de l’Économie et des finances depuis le remaniement ministériel du 11 janvier.
Pourtant, la France peine déjà à remplir ses objectifs de consommation. Fixé à 23 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique consommée en 2020, le pays n’atteint donc que 20,7 % en 2022. Il est ainsi l’un des rares membres de l’Union européenne à ne pas réaliser son objectif. Toutefois, en 2030, la France souhaite élever ce chiffre à 33 %.
De surcroît, ces ambitions françaises sont considérées comme faibles en comparaison aux pays européens de même type. Greenpeace compare les objectifs européens du renouvelable en les rapportant à la population, la superficie et le PIB et révèle que « la France se trouve systématiquement dans la deuxième partie du classement ». Sur six pays d’Europe de l’Ouest de plus de 10 millions d’habitants (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas et Portugal), l’Hexagone figure toujours bas dans la liste.
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Source: www.linfodurable.fr