Qu’est-ce que le 7e continent ?
Dans l’océan Pacifique, à mi-chemin entre Hawaï et la Californie, a émergé un 7ᵉ continent. Celui-ci n’est toutefois pas fait de terre, d’herbe et d’arbres mais… de plastique.
L’expression "7ᵉ continent" a été popularisée pour alerter la population sur la catastrophe que représente l’accumulation de déchets dans cette zone de l’océan. En vérité, les experts parlent plutôt d’une sorte de "soupe de plastique" : des millions de détritus flottant sur une surface de 1,6 million de km², soit 3 fois la France.
Si le plastique s’amasse dans cette zone en particulier, c’est parce qu’il est emporté par des courants marins rotatifs, appelés gyres océaniques. Ce phénomène existe dans tous les océans du monde. On retrouve donc 5 plaques de déchets à l’échelle mondiale, le 7ᵉ continent étant la plus grande d’entre elles.
Découvert en 1997 par l’océanographe Charles Moore alors qu’il revenait d’une course à la voile par un trajet peu emprunté par les marins, le "continent de plastique" est depuis étudié de très près.
80 000 tonnes de déchets
Lancée en 2013 par l’ingénieur néerlandais Boyan Slat, The Ocean Cleanup met au point des solutions innovantes pour tenter de nettoyer les océans du monde. En mars 2018, l’ONG publie son premier rapport sur le 7ᵉ continent. Il révèle que sa surface est jusqu’à 16 fois plus étendue que ce que les scientifiques pensaient. Pour établir ce chiffre, ils ont pris en compte toutes les zones de l’océan dans lesquelles le seuil de 1 kg de plastique par km² était dépassé. Une estimation de la masse totale de tous ces débris a aussi été établie : 80 000 tonnes.
Le rapport est tout de même encourageant sur un point. Les analyses démontrent que 92 % des déchets font plus de 0,5 cm et que la moitié est composée de matériel de pêche abandonné. Pour The Ocean Cleanup, c’est la taille des débris qui rend possible le nettoyage de la zone.
Pour aller plus loin :“Comment vivre presque sans plastique ?”
L’ONG a en effet développé un gigantesque filet baptisé Jenny dans le but de débarrasser l’océan des détritus humains. Tiré par deux bateaux avançant à très basse vitesse (2,4 km/h), le filet fait plusieurs centaines de mètres de longueur et seulement 3 m de profondeur. Son but est de ramasser un maximum de débris, qui s’accumulent principalement en surface, en emportant un minimum de poisson. Il est relié à une zone de rétention qui permet de collecter les milliers de déchets.
Pas de solution miracle
En 2021, Boyan Slat se voulait très optimiste sur la réussite du projet. Selon lui, le continent de plastique pourra être nettoyé à 50 % en 5 ans, et 90 % d’ici 2040. Toutefois, dans un nouveau rapport publié en novembre 2024, The Ocean Cleanup révèle que la quantité de plastique présent dans cette zone de l’océan a été multipliée par 5 durant ces 7 dernières années.
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Pour l’ONG, le constat est clair : le nettoyage ne peut pas être une solution. L’essentiel est de réduire la consommation de plastique à échelle mondiale. Un objectif loin des tendances actuelles, alors que Donald Trump a signé un décret visant à revenir sur l’objectif de suppression des pailles en plastique à usage unique dans l’administration américaine.
Les impacts du 7ᵉ continent et plus largement des 5 plaques de plastique de la planète sont pourtant bien connus. Le plastique des océans se dégrade lentement mais surement, se transformant en microplastiques, des billes de plastique minuscules confondues par les animaux avec leur nourriture.
Une fois avalé par la faune marine, le plastique entre dans la chaîne alimentaire. Il contamine l’entièreté de la faune marine, avant de se retrouver directement dans nos assiettes. Aujourd’hui, la consommation mondiale de poisson est équivalente à 20,5 kg par personne chaque année. De façon générale, les Européens avaleraient en moyenne l’équivalent d’une carte de crédit chaque semaine.
Source: www.linfodurable.fr