Quand la pub fait bondir les associations de protection de la nature
Le 8 janvier dernier, Fiat Chrysler France et ses 42 concessionnaires ont été condamnés à 250 000 euros de dommages et intérêts par le tribunal judiciaire d’Amiens. Ils ont été attaqués par France Nature Environnement et 11 associations régionales pour des « visuels publicitaires illicites ».
En 2018 et 2019, la société a publié plusieurs publicités destinées à promouvoir des modèles tout-terrains de la marque Jeep. Les véhicules étaient mis en scène dans différents décors naturels, à la montagne, à la plage ou en forêt, sur des terrains souvent accidentés.
Pour les associations de défense de l’environnement, ces visuels sont doublement illicites. En effet, en France, le Code de l’environnement prohibe la circulation de voitures dans des espaces extérieurs au domaine routier de l’État. Le but de cette mesure est de lutter contre le hors-piste motorisé, qui dégrade les milieux naturels.
Mais ce n’est pas tout. Le Code de l’environnement interdit aussi la publicité d’un comportement illégal, afin d’éviter de laisser croire aux consommateurs que cette pratique est permise.
Un encadrement par la loi française
En France, l’impact de l’imaginaire publicitaire sur l’environnement est régi par la loi. Concrètement, les publicités pour les véhicules terrestres à moteur n’ont pas le droit de proposer une compensation du malus écologique et sont obligées de comporter des formules encourageant aux mobilités douces, telles que « pensez à covoiturer » ou « au quotidien, prenez les transports en commun ». À partir du 1ᵉʳ janvier 2028, les campagnes incitant à l’achat de véhicules particuliers neufs seront également interdites.
Il faut garder à l’esprit que la publicité possède un puissant pouvoir de communication sur la population. De plus, les entreprises qui possèdent les plus gros budgets publicitaires sont souvent celles qui incitent à la « mal-consommation », comme le rappelle le média Youmatter.
Il souligne que le secteur automobile est l’un des plus gros annonceurs nationaux, avec une dotation annuelle de 2,5 milliards d’euros. « Ces montants représentent à eux seuls autant que le budget alloué par le gouvernement à la protection de la biodiversité et à la transition vers une agriculture durable dans le plan France Relance. »
Pour aller plus loin :" La transition écologique Made in France”
Mais l’automobile n’est pas le seul secteur concerné. Dans le domaine de l’alimentation, la malbouffe est la branche qui possède les plus gros budgets publicitaires. McDonald’s, Burger King et KFC investissent à eux seuls 350 millions d’euros par an dans leur communication en France. Bien loin des 4 millions d’euros annuels consacrés par Santé Public France à la lutte contre l’obésité.
Des interdictions également à l’international
À l’international aussi, l’impact de la publicité est pris au sérieux. En 2023, l’ASA, l'organisme de régulation de la publicité au Royaume-Uni, interdisait un spot de la marque japonaise Toyota pour des raisons similaires à celles ayant conduit à la condamnation de Fiat Chrysler France. L’association Adfree Cities estimait qu’il encourageait des comportements "dangereux pour l’environnement" et « irresponsables ».
Le clip montrait une dizaine de SUV roulant à toute allure dans un paysage de montagne, traversant des prairies et un cours d’eau. Toyota s'était justifié en expliquant s'inspirer d’une horde d’animaux sauvages.
Au Royaume-Uni, une pub pour le pick-up Toyota Hilux vient d'être interdite par le régulateur, en raison d'un "manque de responsabilité vis-à-vis de la société"https://t.co/NeORK5CIYy
— Mathieu Chassignet (@M_Chassignet) November 23, 2023
Une initiative plus affirmée est mise en place par la municipalité d’Amsterdam, aux Pays-Bas. En décembre 2020, elle a adopté une mesure, déposée par le parti Les Verts (Groenlinks), visant à interdire « les publicités pour les produits fossiles, comme les voyages en avion low cost ou directement pour les compagnies liées à l’industrie fossile ».
Source: www.linfodurable.fr