Produits bio : la grande distribution épinglée dans la baisse des ventes
La consommation de produits issus de l’agriculture biologique par les Français a chuté de 12 % entre 2020 et 2023. Un chiffre alarmant pour la filière, qui fait face à de nombreuses difficultés depuis la pandémie de Covid-19.
Si les causes principales de ce constat sont la hausse générale des produits de consommation et la perte de pouvoir d’achat des foyers français, la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) souligne aussi le rôle de la grande distribution.
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Hors des stratégies commerciales
Dans un rapport publié le vendredi 11 avril, la FNH rapporte un manque d’investissement de la grande distribution dans les produits biologiques. La fondation a étudié les stratégies commerciales des 8 principaux groupes français à partir de leurs données publiques et 5 d’entre eux ont accepté de s’entretenir avec elle.
Absence de stratégie de vente et d’objectifs chiffrés, manque de visibilité en magasin, quantités réduites en rayon… Le rapport estime que "le bio est sorti de la feuille de route de la plupart des distributeurs ».
La FNH s’est appuyée pour ses estimations sur 4 indicateurs clés et a à chaque fois attribué une note globale allant de A à G au secteur de la grande distribution. La note la plus basse revient au pilier « stratégie et transparence », qui écope d’un F. Elle souligne que le secteur ne présente plus d' »objectifs chiffrés en matière d’agriculture biologique ».
Pour aller plus loin : « Tout savoir sur l'alimentation bio »
Les 8 enseignes étudiées récoltent un E pour ce qui est de l’offre de produits bio et de leur visibilité dans les magasins. L’étude démontre un « désengagement global envers le bio. Pour beaucoup d’enseignes, il est difficile de connaître la part de produits bio dans l’offre alimentaire, preuve en soi qu’il s’agit d’un élément peu suivi. »
Un écart de prix toujours important
L’écart de prix avec les produits conventionnels reste également important, dépassant les 70 % dans certains magasins, et rares sont les enseignes qui choisissent d’inclure le bio dans leur programme de fidélité.
Le dernier indicateur étudié est celui du marketing. Sans surprise, il se révèle être un levier peu utilisé pour pousser à la consommation de produits issus de l’agriculture biologique. En 2021, moins de 5 % de leur budget publicitaire avait été consacré à ce type de produits. « Le pouvoir médiatique des enseignes est énorme, mais il sert essentiellement à la guerre des prix », déplore Thomas Uthayakumar, directeur des programmes à la FNH.
21 % de surface agricole en bio en 2030
Pour atteindre l’objectif de la loi d’orientation agricole, qui prévoit 21 % de surface cultivable en bio d’ici 5 ans, l’association estime que les ventes alimentaires de la filière devront dépasser les 12 % en 2030. Elle formule 6 recommandations pour inverser la tendance.
Elle recommande aux distributeurs de formuler des objectifs plus ambitieux, ainsi que de "renouer des liens avec les filières biologiques", en "amont". Elle propose également de "renforcer la communication et la formation sur le label bio, non seulement auprès des consommateurs, en renforçant les opérations de promotion et de communication sur le label, mais aussi et surtout en interne en formant les équipes et la direction ».
La fondation souligne l’importance de l’appui de l’État dans ce processus en demandant d'"ancrer l’objectif de 12 % de ventes alimentaires biologiques dans la loi", mais également d'"exiger plus de transparence sur la construction des prix bio envers les industriels et distributeurs". Enfin, elle encourage l’État à soutenir la filière, notamment en dotant « les structures du secteur bio de moyens suffisants pour la promotion, la pédagogie et la production de données concernant le label ».
Source: www.linfodurable.fr