Pourquoi le bœuf émet-il plus de CO2 que les autres viandes ?
La consommation de viande représente 12 % des émissions de gaz à effet de serre des Français. Il s’agit de notre 3ᵉ poste d’émission, derrière la voiture et la combustion de gaz et de fioul pour le chauffage.
Chaque année, un Français mange en moyenne 85 kg de viande. C’est légèrement moins qu’au début des années 90, où la moyenne était plutôt de 91 kg par an et par habitant, mais quasiment deux fois plus qu’en 1950. Parmi les protéines animales consommées en France, celles qui proviennent de l’élevage bovin sont de loin celles dont l’impact carbone est le plus élevé.
D’importantes émissions de méthane
Selon l’ADEME, 1 kg de bœuf rejette 28 kg de CO2e (équivalent CO2) dans l’atmosphère. En comparaison, 1 kg de canard en rejette 8 kg, soit 3,5 fois moins. Quant à la volaille, elle pèse 4,56 kg de CO2 par kg de viande produite. Plusieurs raisons justifient un tel écart.
Tout d’abord, les bovins sont des ruminants, tout comme les moutons, les chèvres et les girafes. Cela signifie qu’ils digèrent leur alimentation grâce à un processus appelé "fermentation entérique", qui génère entre autres du méthane, rejeté par l’animal sous forme de pets ou de rots.
Le méthane est le 2e gaz à effet de serre le plus répandu après le dioxyde de carbone (CO2). Bien que moins présent dans l’atmosphère, il n’en reste pas moins préoccupant, puisqu’il emprisonne 30 fois plus de chaleur que le CO2 et contribue donc bien plus vite au réchauffement climatique.
Ainsi, même si la digestion des bovins ne rejette pas de dioxyde de carbone à proprement parler, elle est responsable d’une part importante du réchauffement dû aux gaz à effet de serre, qui peut être mesuré en « équivalent CO2 ».
Une déforestation galopante
Le rejet de méthane par les bovins serait marginal dans l’atmosphère si ces derniers n’étaient pas si nombreux à l’échelle terrestre. Mais l’explosion de la demande à l’échelle mondiale (+ 25 % entre 2000 et 2019) pousse les éleveurs à intensifier leur reproduction.
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Cette augmentation du nombre d’individus se couple automatiquement avec une hausse significative des besoins en nourriture. Aujourd’hui, une part importante de l’agriculture est consacrée à la production de nourriture à destination d’animaux d’élevage.
Si une partie de ces céréales est cultivée en Europe, une large portion d’entre elles provient directement des grands pays producteurs de soja et de maïs, principalement en Amérique latine. Pour répondre à la demande croissante, le moyen le plus rapide et le plus facile de récupérer des terres arables est la déforestation.
Dans la région du Cerrado, au Brésil, 50 % de la végétation naturelle a disparu depuis 1970. D’après WWF, « si le rythme de déforestation et de conversion devait se poursuivre à la vitesse constatée en 2004, soit 2 à 3 millions d’hectares par an, le Cerrado serait voué à disparaître dans les 30 ans à venir ». Malgré une baisse significative de la déforestation de la forêt amazonienne depuis la prise de fonction du président Lula en janvier 2023, le poumon de la Terre est encore très menacé.
Enfin, au-delà de ses rejets directs de gaz à effet de serre, la production de viande a des effets indirects sur l’environnement. Produire 1 kg de bœuf exige environ 7 kg de céréales pour nourrir l’animal. Dans un monde où les terres agricoles viennent à manquer, consacrer en priorité ces terres à la production de nourriture destinée aux humains permet de nourrir plus de personnes avec moins d’espaces et donc limiter l’artificialisation des sols.
Source: www.linfodurable.fr