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Plastique : une fracture entre pays producteurs et États régulateurs
Le cœur du blocage réside dans l’opposition frontale entre deux visions du futur du plastique. D’un côté, les pays engagés pour une réduction massive de la production ; de l’autre, ceux qui cherchent à préserver leur industrie pétrochimique, pilier de leur économie. Les États-Unis, la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, notamment, défendent une approche centrée sur la gestion des déchets et le recyclage, excluant toute limitation de la production de plastique vierge. «Ils refusent tout engagement qui affecterait leur modèle économique basé sur la pétrochimie », analyse un observateur proche des négociations dans des propos rapportés par Sud Ouest.
À l’inverse, l’Union européenne, la Norvège, le Canada ou encore le Rwanda plaident pour un accord ambitieux visant à réduire la production à la source. Ces pays s'appuient sur les données scientifiques, notamment celles relayées par la Coalition internationale des scientifiques pour un traité efficace, qui évoquent «une nécessité urgente d’agir sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques ».
Vers une bataille diplomatique au sein de l’ONU
Le scénario d’un consensus global semble s’éloigner. Pour la première fois dans ce type de négociation environnementale, l’idée d’un vote à la majorité des deux tiers, en cas d’échec du consensus, est envisagée. Cette solution pourrait permettre aux pays les plus ambitieux d’avancer malgré l’opposition d’un bloc minoritaire mais influent. Mais cette option divise.
Le Monde rapporte : « Certains pays brandissent la menace d’un retrait du processus si une telle décision était imposée.». Le Rwanda, l’un des pays les plus actifs dans ce dossier, appelle à un sursaut diplomatique. « Le monde attend de nous que nous agissions. Un traité faible serait une trahison envers les générations futures », a déclaré son représentant lors de l’ouverture de la session.
Un traité en chantier, des enjeux planétaires
Le texte actuel, baptisé le Chair’s Text, publié en décembre 2024, reste une base de travail fragile. Il contient des options divergentes sur chaque grand point : production, additifs chimiques, produits évitables, et systèmes de surveillance. Selon le PNUE, près de 430 millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année, dont plus d’un tiers pour des produits à usage unique. Ces déchets finissent massivement dans les océans, 11 millions de tonnes par an, soit l’équivalent de plus de 1 200 camions poubelle par jour. Et le coût environnemental et sanitaire global de la pollution plastique est estimé par l’OCDE à près de 7 milliards d’euros par an.
Face à ces chiffres, plusieurs ONG, comme le Réseau IPEN ou GAIA, ont adressé des lettres officielles au secrétariat de l’INC pour exiger un traité ambitieux, contraignant, et équitable. Dans l’une d’elles, datée du 11 février 2025, la Scientists’ Coalition for an Effective Plastics Treaty écrivait : «Seules des obligations de réduction de production pourront enrayer la pollution à l’échelle mondiale ».
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Source: www.greenetvert.fr