Pollution lumineuse : quels effets sur la santé ?
Environ 80% de la population mondiale est exposée à la pollution lumineuse. En Europe, c’est même plus de 99%. Cette pollution, engendrée par un excès d’éclairage artificiel, peut être présente à l’extérieur et a pour conséquence bien connue de rendre moins visibles les étoiles dans le ciel nocturne. Mais il existe aussi une pollution lumineuse à l’intérieur des habitations, provoquée par des écrans numériques omniprésents et toujours plus nombreux. Et surtout, que ce soit le panneau publicitaire lumineux au coin de la rue ou l’écran du dernier smartphone, l’éclairage artificiel provient de plus en plus d’ampoules à diodes électroluminescentes, les LED. Si ce type d’ampoule présente l’avantage de consommer moins d’énergie qu’une ampoule à incandescence, il émet en revanche davantage de lumière bleue. Cette lumière, de longueur d’onde courte, peut être néfaste pour la santé.
Le principal effet négatif de la lumière bleue est la perturbation de la sécrétion de mélatonine, l’hormone sécrétée en fin de journée pour favoriser l’endormissement. « À puissance équivalente, la lumière bleue a un effet de suppression de la mélatonine dix fois supérieur à celui de la lumière rouge » explique à National Geographic Mario Motta, cardiologue à la retraite et ancien membre l’American Medical Association’s Council of Science and Public Health. Le rythme circadien, autrement dit l’horloge interne du corps humain, s’en trouve altéré, tout comme la durée et la qualité du sommeil, ce qui nuit au bon fonctionnement de l’organisme dans son ensemble.
Inflammation, cancers et maladies neurodégénératives
Des études se sont penchées sur le sujet de l’éclairage artificiel et si elles restent encore peu nombreuses, certaines mettent en avant les liens entre l’exposition à la lumière bleue et des problèmes de santé plus graves. La lumière bleue augmenterait l’inflammation de l’organisme, et pourrait même être associée à des cancers comme celui du sein, du colon ou de la prostate. Et une étude californienne de 2023 a mis en évidence que les enfants qui vivaient dans des régions où l’éclairage artificiel était important avaient un risque plus élevé de développer une leucémie.
Une autre étude américaine, publiée en septembre 2024, s’est intéressée aux effets de l’éclairage nocturne sur la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont constaté une corrélation entre l’exposition à l’éclairage artificiel et la prévalence de la maladie. En particulier chez les moins de 65 ans, qui vivent plus fréquemment dans des zones urbaines très éclairées et qui ont un usage des écrans plus importants que leurs aînés. « La perturbation du rythme circadien est le principal mécanisme sous-jacent par lequel la lumière nocturne favorise la maladie d’Alzheimer » analyse pour Sciences et Avenir Robin Voigt-Zuwala, première auteure de l’étude, « mais cela nécessitera des recherches supplémentaires pour le confirmer ».
Des effets néfastes sur la biodiversité
La pollution lumineuse n’affecte pas seulement les humains. De nombreux animaux y sont eux aussi sensibles, notamment les oiseaux, les chauves-souris, mais également certains poissons comme le poisson-zèbre. Une étude de l’Institut Max Planck de Leipzig révèle que les poissons-zèbre exposés à la lumière artificielle, et en particulier à la lumière bleue, nageaient moins que d’habitude, restaient davantage groupés et passaient plus de temps près des parois de l’aquarium. Et ces altérations comportementales se retrouvent également chez leurs descendants. Pour les auteurs, ces effets négatifs seraient dus à la privation de sommeil. « Les poissons pouvaient faire quelques nuits blanches, mais après trop de mauvaises nuits le manque de sommeil les a rattrapés » explique dans un communiqué Aneesh Bose, l’un des auteurs de l’étude.
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Il existe différentes solutions pour réduire la pollution lumineuse et ses effets néfastes. Depuis quelques années, de nombreuses communes ont fait le choix d’éteindre l’éclairage public une partie de la nuit, ce qui a aussi pour conséquence de réduire la consommation d’énergie. Chez soi, il peut être pertinent d’investir dans des rideaux occultants, des volets ou tout simplement un masque de nuit pour filtrer la lumière de l’extérieur. Concernant les écrans, il est possible de les configurer pour qu’ils émettent une lumière aux tons plus chauds le soir. Enfin, il ne faut pas négliger les voyants lumineux qui restent allumés lorsque les appareils électroniques sont en veille. Il est préférable d’éteindre complètement ces appareils ou, lorsque ça n’est pas possible, de masquer les voyants lumineux.
Source: www.linfodurable.fr