Permaculture : quels bénéfices pour la biodiversité ?
Travailler avec la nature plutôt que contre elle. C’est l’un des principes fondateurs de la permaculture, un modèle d’agriculture durable créé dans les années 1970 par Bill Mollison et David Homlgren, deux biologistes australiens. Plus qu’une simple technique agricole, il s’agit surtout d’une vraie méthode philosophique qui se base sur l’observation de la nature pour recréer des espaces naturels où l’intervention de l’humain est la plus limitée possible et où la biodiversité joue un rôle crucial. Une biodiversité pour qui les bénéfices sont nombreux.
Il peut sembler évident qu’un espace naturel où la main humaine n’intervient que très peu soit un refuge pour la faune et la flore, mais les publications étudiant l’impact de la permaculture sur la biodiversité sont rares. Une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Kaiserslautern-Landau (RTPU), et publiée en juillet dernier dans la revue Communications Earth & Environment, s’est penchée sur la question. Si leurs recherches ne se sont concentrées que sur 9 fermes, les résultats sont clairs : la permaculture est bénéfique pour la biodiversité et pour la diversité des sols.
Davantage d’animaux, de plantes et de micro-organismes
Les chercheurs ont notamment relevé trois fois plus d’oiseaux, de vers de terre et de plantes dans les fermes permacoles que dans les fermes traditionnelles. Ils ont également mesuré une biomasse de micro-organismes du sol plus importante, contribuant à une meilleure décomposition des matières organiques et donc à davantage de nutriments pour les végétaux. Teneur en nutriment elle-même augmentée par la teneur importante des sols en carbone et en humus constatée par les chercheurs, ce qui bénéficie à la santé humaine. « Les niveaux plus élevés de nutriments dans le sol suggèrent qu’ils sont également plus élevés dans les récoltes », explique dans un communiqué Julius Reiff, l’un des co-auteurs de l’étude.
Pour les scientifiques, ces résultats s’expliquent par les principes mêmes de la permaculture : des cultures variées, pouvant accueillir davantage d’espèces animales, et l’absence de pesticides. Limiter au maximum l’entretien de la végétation joue également un rôle crucial. « Pour un insecte, traverser une pelouse c’est hyper dangereux, c’est un désert vert » indique à Permaculture Design Stéphanie, jardinière permacultrice. « Mais quand il y a des haies, des tas de branches, des prairies, il peut se déplacer. C’est ce qu’on appelle la trame verte, […] il faut qu’il y ait une continuité […] pour que les animaux circulent ». Des espaces également bénéfiques pour le déplacement, l’alimentation et la reproduction des oiseaux et de certains petits mammifères.
"Une chaîne alimentaire complexe", signe d’un écosystème sain
Une biodiversité riche et variée peut aussi avoir des effets au-delà des limites de la ferme ou du jardin. Les insectes se nourrissant du nectar des fleurs vont polliniser d’autres jardins ou espaces sauvages, contribuant ainsi à leur développement. Et les espèces animales diversifiées favorisent des chaînes alimentaires solides, essentielles à la bonne santé de l’écosystème. C’est ce qu’a pu constater Stéphanie dans son jardin, où des rapaces ont élu domicile. « Je me suis dit waouh, super, c’est le haut de la pyramide alimentaire. C’est un super-prédateur donc ça veut dire […] qu’il y a une chaîne alimentaire complexe, donc bien résiliente. […] Ce sont surtout les merles qui faisaient beaucoup moins les malins à manger les fraises et les framboises, de par la présence de ces grands oiseaux ».
Pour aller plus loin : « Tout savoir sur l'alimentation bio »
Si le démarrage d’une exploitation permacole peut prendre du temps, son développement est ensuite exponentiel et les rendements seraient comparables à ceux de l’agriculture traditionnelle. Selon les chercheurs de RTPU, une généralisation de la permaculture est possible. À condition que des incitations financières soient mises en place pour les agriculteurs. Et que les futures formations agronomes enseignent ce modèle d’agriculture durable.
Source: www.linfodurable.fr