Nos animaux de compagnie sont-ils mauvais pour l’environnement ?
Ce 1er mars, le gouvernement s'est prononcé en faveur d'un amendement visant à autoriser obligatoirement les animaux de compagnie dans les Ehpad, dans le cadre de la loi Bien vieillir. Suite au rejet du Sénat le 6 février, une commission mixte paritaire se réunira sur la question le 12 mars. Pour le moment, les établissements d’accueil de personnes âgées sont décisionnaires d’accepter, ou non, les animaux de leurs résidents. Seulement, à ce jour, la grande majorité les refuse. Une situation jugée « intolérable » par le député Philippe Juvin.
Outre les questions sanitaires ou encore de bien-être psychologique, cette décision rouvre le débat de la surpopulation des animaux de compagnie. En effet, le politologue François Gemenne, membre du GIEC, affirmait en décembre sur LCI que « le chat est une catastrophe pour la biodiversité, le chien est une catastrophe pour le climat ». Or, s’il est vrai que nos boules de poils ont un impact, ces affirmations sont nuancées par plusieurs experts.
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Des prédateurs d’espèces parfois vulnérables
Ces accusations viennent principalement du fait que les chats domestiques sont des prédateurs de la petite faune sauvage. Ils s’attaquent en effet à de nombreuses espèces de rongeurs ou d’oiseaux. Cette affirmation s’applique également, à moindre mesure, aux chiens domestiques. Parmi la faune la plus touchée peuvent être cités l’écureuil roux, le lérot, le moineau domestique, le merle noir et la tourterelle turque. Or, alors que le nombre de chats domestiques est estimé à quinze millions en France en 2022, et les chiens à 7,6 millions, certaines de ces espèces sauvages sont fragilisées.
Seulement, cet impact des chats et chiens, domestiques ou non, sur la biodiversité reste minoritaire. En effet, comme le rappelle la LPO, « la perte de biodiversité est principalement due à la destruction des habitats naturels et aux pollutions diverses, notamment celles liées aux pesticides ». L’association estime que 10 % des animaux recueillis dans ses centres de soin ont été victimes des chats. Un impact réel mais non prépondérant.
En revanche, le problème se pose davantage dans les milieux vulnérables où le chat a été introduit. Sur certaines îles, la prolifération de cet animal cause un réel danger pour les espèces endémiques, participant parfois à leur disparition. Par exemple, au sein de l’archipel arctique des Kerguelen, ils sont désormais interdits.
Des animaux gourmands en viande ?
Une deuxième question porte sur l'alimentation des animaux de compagnie. Le problème se pose essentiellement pour les chiens. En effet, le meilleur ami de l’Homme est accusé de consommer beaucoup de viande rouge. Or, l’élevage, en particulier bovin, est responsable de 12% des émissions de gaz à effet de serre causées par l’activité humaine.
Néanmoins, cette accusation est également à relativiser. Premièrement, car elle concerne uniquement certaines races, de grande taille. Ensuite, car les chiens se nourrissent à 90 % de croquettes. À ce sujet, l’expert en nutrition animale Sébastien Lefebvre expliquait en décembre dernier à l’AFP que « dans les croquettes, on retrouve ce qu’on appelle des coproduits. […] On y trouve beaucoup de choses qu’on ne mange pas nous en tant qu’êtres humains : des tripes, du coeur, de la viande non valorisée« . Le chercheur considère que cette viande vient plutôt optimiser celle consommée par les humains.
Sébastien Lefebvre cite également à l’AFP un rapport de la Facco (référent de la nutrition des animaux de compagnie) publié en 2022. Cette étude estime l’empreinte carbone d’un chat domestique à 40-50 kg de CO2 par an, et à 130 kg pour un chien de plus de 15 kg. En comparaison, les Français ont une empreinte carbone moyenne de plus de neuf tonnes de CO2 par an.
Des solutions pour limiter l’impact des animaux domestiques
Les experts et associations de protection de la nature s’accordent néanmoins sur des recommandations visant à limiter l’impact environnemental des chats et des chiens. Au sujet de l’alimentation, il est conseillé de privilégier des croquettes de volaille ou de porc, dont la production pollue moins. De plus, offrir une nourriture en quantité suffisante à son animal permet de limiter ses envies de chasse.
Concernant l’impact des chats sur les espèces endémiques, il est nécessaire d'arrêter de les introduire sur des territoires où ils n’existaient pas. Il est également recommandé de contrôler les sorties de son félin pendant les périodes sensibles pour les oiseaux ou après les tempêtes, pour laisser le temps à la faune de se remettre. Il est aussi vivement encouragé destériliser son chat pour éviter que l’espèce ne prolifère.
Enfin, ne pas abandonner son animal, en plus de lui épargner un destin cruel, permet également d’éviter qu’il ne prolifère et ne chasse des espèces protégées. Or, une obligation légale d’accepter les animaux de compagnie dans les Ehpad contribuerait à aller dans ce sens.
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Source: www.linfodurable.fr