Neige dans les Vosges : le modèle de stations de ski à repenser, selon les associations
Aider la planète ou maintenir l’économie : les deux ne sont pas incompatibles, selon certaines associations de défense de l'environnement. Pourtant, les stations de montagne se voient parfois confrontées à ce dilemme. Jeudi 8 février, plusieurs associations, dont Alsace Nature, publient un communiqué de presse alertant. Elles y pointent du doigt les pratiques d’un directeur d’école de ski à Bresse, dans les Vosges. En décembre dernier, ce dernier avait déplacé secrètement 70 tonnes de neige d’une zone protégée pour la disposer sur les pistes de ski.
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Sortir collectivement du modèle classique
Alsace Nature établit un parallèle négatif avec les récentes directives de la Cour des comptes. Cette dernière publie le 6 février un rapport suggérant aux stations de montagne de repenser un « modèle économique qui s'essouffle » face au réchauffement climatique. Un constat partagé par Stéphane Giraud, directeur de l’association : selon lui, les pratiques comme celles de Bresse montrent « un déficit de compréhension des enjeux actuels ».
Le directeur d’Alsace Nature dénonce des "projets ubuesques" dans les Vosges : "c’est à qui aura la plus grande éolienne, piste de ski ou de VTT… Je ne suis pas contre, mais il faut les construireen harmonie avec l’environnement plutôt qu’en le détruisant ». Il s’inquiète de cette vision à court terme, amplifiée par les acteurs du tourisme qui communiquent à coup d’images de sapins recouverts de neige. « Ce n’est plus la réalité aujourd’hui, et il faudrait éduquer les citoyens à ces changements », aspire-t-il. Il ajoute qu’actuellement, « certains skieurs professionnels eux-mêmes souhaitent sortir de ces pratiques qui ne représentent pas l’idée qu’ils se font de leur sport ».
Il est temps que l’on s'assoie autour d’une table pour chercher ensemble des solutions.
Stéphane Giraud regrette la dualité qui se crée malgré eux entre défenseurs de l’environnement et acteurs de l'économie. Selon lui, la clé réside dans le collectif : "associations, citoyens, professionnels, mairies… Il est temps que l’on s’assoie autour d’une table pour chercher ensemble des solutions". Il considère que chaque acteur a quelque chose à apporter pour atteindre des objectifs communs.
Des activités ludiques et alternatives
En effet, le directeur d’Alsace Nature affirme ne pas vouloir nuire à l'économie de la station, mais aspirer à adapter les activités. Parmi ses propositions peuvent être citées le cyclotourisme vert, l’escalade, la spéléo, le développement des activités pédestres, etc. « Par exemple, on peut déployer des luges d’été et des pistes VTT, mais chacune dans les endroits qui s’y prêtent », analyse-t-il. En revanche, les activités comme le ruisseling (randonnée dans des cours d’eau) sont pour lui à proscrire, car elles impactentla biodiversité.
L’Alsacien souhaite revenir au calme qui, selon lui, fait la force des Vosges : "si les gens choisissent ce massif en particulier, c’est pour se ressourcer« . L’association propose de retourner vers cet aspect, de communiquer dessus et de se développer dans le respect de cette quiétude.
Une vision lente à mettre en place
Seulement, pour le moment, les professionnels du tourisme ne partagent pas tous cette vision. Le directeur de l’école de ski mis en cause, interrogé par Vosges Matin quelques jours après le communiqué de presse, reconnaît avoir déplacé la neige. Mais il estime avoir agi pour maintenir son activité (et les emplois qui en dépendent) mais aussi pour éviter de décevoir les clients. Il affirme que la pratique est monnaie courante.
Une déclaration qui fait réagir Stéphane Giraud : "il faut distinguer le grattage d’un peu de neige sur des tas pour boucher un trou, ce qui se fait depuis longtemps, à une action d’une telle ampleur". Le Strasbourgeois regrette néanmoins que depuis quelques années, ce genre de pratiques se développent, au détriment de la biodiversité. "Le problème est que maintenant, les opérateurs voient cela comme une possibilité acceptable", déplore-t-il.
Par exemple, encore récemment, le glacier de Zermatt-Cervina en Suisse, s’était vu creusé en vue de la Coupe du monde de ski alpin. « Se dire qu’on est autorisé à ces pratiques pour une activité comme le ski, c’est s’interdire de penser la suite collective« , conclut Stéphane Giraud.
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Source: www.linfodurable.fr