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Béton et intelligence artificielle : Meta change les règles du jeu
En apparence, tout semble simple. Meta, société mère de Facebook et Instagram, a développé un béton optimisé grâce à un modèle d’intelligence artificielle, pour construire ses infrastructures numériques. Ce béton intègre des matériaux alternatifs, notamment des cendres volantes et du laitier de haut fourneau, permettant de réduire jusqu’à 35 % les émissions de CO₂ par rapport aux formulations traditionnelles, selon les données publiées par la société Amrize. Mais la méthode employée est loin d’être ordinaire.
Meta s’est appuyée sur l’optimisation bayésienne, une technique statistique puissante intégrée dans les frameworks BoTorch et Ax, pour modéliser en amont les performances du matériau (résistance, durabilité, temps de prise, etc.). L’enjeu ? Remplacer des semaines de tests en laboratoire par quelques heures de simulation. Une prouesse permise par la puissance de calcul dont Meta dispose déjà à grande échelle pour ses usages internes. Selon Julius Kusuma, chercheur senior chez Meta, « notre modèle nous permet de formuler des compositions optimales plus rapidement, tout en réduisant l’empreinte environnementale ».
Un data center pilote et une stratégie open source
La première démonstration de ce béton nouvelle génération a été déployée à Rosemount, dans le Minnesota, sur un centre de données Meta flambant neuf. Sur place, le mélange développé par Amrize a été testé, validé, puis coulé pour les fondations du bâtiment. Ce projet pilote, mené en partenariat avec l’Université de l’Illinois et le constructeur Mortenson, marque le lancement officiel de cette stratégie verte.
Mais Meta ne s’arrête pas là. L’entreprise a choisi de publier le code source du modèle d’optimisation en open source sous licence MIT, dans l’espoir d’en faire un standard industriel. D’après Jaime Hill, directrice des opérations chez Amrize, dans des propos rapportés par Business Wire : « il est crucial que ces outils ne restent pas confinés à un seul acteur, car c’est toute l’industrie du béton qui doit évoluer ». Meta espère ainsi entraîner dans son sillage d’autres géants du numérique, eux aussi confrontés à la hausse vertigineuse des besoins énergétiques induits par l’intelligence artificielle. En d’autres termes, recycler l’innovation en argument éthique.
Derrière la recette, une alchimie industrielle complexe
Mais ne nous y trompons pas. Le béton reste un matériau capricieux, dont la formulation varie selon l’humidité, les agrégats locaux ou même la saison. Le défi pour Meta n’est donc pas uniquement algorithmique, il est aussi logistique, climatique et normatif. Les substituts utilisés, les Supplementary Cementitious Materials (SCM), comme les cendres ou les laitiers, doivent être intégrés avec précision pour garantir la résistance aux charges thermiques et mécaniques des centres de données.
Et si les résultats sont prometteurs en laboratoire, le terrain impose une toute autre rigueur. L’entreprise mise donc sur la capacité de l’IA à anticiper les écarts de qualité et à adapter les dosages en temps réel. Une ambition réaliste ? Peut-être. Mais qui suscite scepticisme dans une industrie du béton réputée conservatrice.
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Source: www.greenetvert.fr