Ce mercredi 10 janvier débutent les soldes d’hiver 2024.
© Artem Beliaikin/unsplash.com
Les soldes pour éviter les invendus ? Une solution loin d’être écologique
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Cet hiver encore, les commerces textiles utilisent les soldes pour déstocker. L’occasion de se questionner sur l’efficacité de cette méthode et de la comparer à d’autres solutions existantes.
Acheter en solde pour éviter de jeter ? Ce mercredi 10 janvier débutent les soldes d’hiver 2024, partout en France. Comme chaque saison, petites et grandes enseignes textiles proposent des réductions avantageuses sur une sélection de produits en fin de série. L’occasion pour elles de déstocker certains invendus, qu’elles ont légalement interdiction de détruire.
Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, la loi Agec (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) interdit de détruire les invendus non alimentaires. Les enseignes de textiles sont concernées, qu’il s’agisse de producteurs, distributeurs ou plateformes en ligne. S’ajoute à cela l’annonce de l’Union européenne le 5 décembre 2023, visant à interdire la destruction des vêtements neufs invendus.
L’Ademe (Agence de la Transition Écologique) estime que ces derniers représentaient 10 000 à 20 000 tonnes chaque année en France. Certains géants de la mode étaient pointés du doigt pour ces pratiques, comme H&M, accusé en 2017 de brûler 12 tonnes de vêtements par an. Si elles semblent être une solution pour éviter le surplus, les soldes n’empêchaient donc pas ce gaspillage à l’époque.
Une solution de déstockage insuffisante
Yann Rivoallan est président de la Fédération Française de Prêt-à-Porter Féminin. Pour lui, les soldes sont concurrencées par la fast-fashion et les promotions toutes l’année. Il déplore que cela mène à une complication de la gestion des stocks. “Les commandes sont faites sur le succès imaginé d’un produit”, explique-t-il. Seulement, il est difficile d’estimer le nombre exact de ventes de chaque article. Des pertes sont donc prévues dans les commandes de stock. “Avant, les enseignes de textile vendaient 50% de leurs produits au cours de l’année, 25% lors des soldes et 25% étaient déstockées. Aujourd’hui, tout est chamboulé”.
L’industrie du prêt à porter a donc dû faire face à de nouveaux challenges. Si les soldes soulagent une partie des stocks, elles ne suffisent plus. Il est vrai qu’elles subissent une baisse de popularité depuis quelques années : à l’été 2023, la CCI (Chambre de Commerce et de l’Industrie) estime que la fréquentation a chuté de 31% et le panier moyen de 23%.
Il est préférable de produire moins au départ et d'ajouter du stock en fonction de la demande – Yann Rivoallan, président de la Fédération Française de Prêt à Porter Féminin.
Plus globalement, c’est toute l’organisation de l’industrie textile que la loi Agec prévoit de repenser. Elle reste l’une des plus polluantes au monde, à cause surtout des ressources employées pour la fabrication, la teinture ou encore le transport. Acheter un vêtement, même soldé, a donc un impact négatif sur l’environnement. L’Ademe estime qu’un T-shirt en coton a une empreinte carbone moyenne de 6,8kg de CO₂.
La loi Agec demande plutôt aux acteurs du prêt-à-porter de mieux s’adapter à la demande, de produire moins ou encore de revoir la gestion de leurs stocks. Yann Rivoallan confirme qu’"il est préférable de produire moins au départ et d'ajouter du stock en fonction de la demande". Le but, à terme, est de réduire la surconsommation.
D’autres solutions pour valoriser les invendus
Éliminer totalement le surplus demande une gestion parfaite des stocks, ce qui n’est pas réalisable pour l’instant. C’est pourquoi les textes de loi prévoient d’autres moyens de redonner vie aux fins de série. Le recyclage est mis en avant par l'Union européenne qui préconise la fabrique de vêtements résistants et réparables. Les entreprises sont aussi invitées à revendre directement chez des déstockeurs ou des boutiques de seconde main, afin de favoriser l’économie circulaire.
La dernière solution, privilégiée par la loi Agec, est le don. De nombreuses associations luttent contre la précarité et récupèrent des vêtements pour les personnes dans le besoin. Yann Rivoallan cite par exemple le partenariat entre l’enseigne Ba&sh et Emmaüs. Cette méthode permet d’allier impacts environnemental et social positifs.
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Source: www.linfodurable.fr