Les femmes, les personnes seules et pauvres, principales victimes du surendettement
Les femmes, les personnes seules et pauvres restent les plus représentées parmi les quelque 121.000 Français s'étant déclarés en situation de surendettement en 2023, en hausse de 8% sur un an.
54% de femmes
Les surendettés sont à 54% des femmes et à 20% des parents élevant seuls leurs enfants (essentiellement des femmes).
Ce sont également plutôt des personnes seules, âgées en très grande majorité de 25 à 64 ans et locataires de leur logement, selon l'enquête typologique annuelle de la Banque de France.
Un quart des dossiers déposés l'ont été par des demandeurs d'emploi.
Parmi les surendettés en activité, 30% sont des employés et 22% des ouvriers.
Les artisans, commerçants, chefs d'entreprise et autres travailleurs indépendants ne sont éligibles à la procédure pour leur endettement personnel que depuis 2022. Seulement 292 dossiers de surendettement relevant de l'activité professionnelle indépendante ont été déposés en 2023 en France métropolitaine, selon la Banque de France.
58% des personnes surendettées vivent sous le seuil de pauvreté (1.158 euros par mois), contre 14,5% pour l'ensemble de la population française. Et 66,8% des familles monoparentales surendettées sont sous ce seuil.
Toutefois, "toutes les personnes pauvres ne sont pas surendettées et tous les surendettés ne sont pas pauvres", souligne Hélène Arveiller, directrice adjointe des particuliers à la Banque de France, rappelant que le pays compte actuellement 9,1 millions de personnes pauvres, à rapprocher des 586.000 Français inscrits pour surendettement auprès de la Banque de France.
Deux tiers de dettes immobilières et de consommation
L'endettement global des personnes surendettées s'est élevé à 4,2 milliards d'euros en 2023: 40% sont des dettes à la consommation, 27% des dettes immobilières et 37% des dettes de charges courantes (loyers, factures, etc.)
Toutes dettes comprises, l'endettement médian s'établit à 18.446 euros par dossier.
Mais 20% des ménages ont des dettes inférieures à 7.000 euros. Ils cumulent souvent plusieurs types de dettes.
Les créanciers sont en grande majorité des groupes bancaires.
Les crédits à la consommation, et parmi eux les crédits renouvelables, sont en recul depuis 2011, date à laquelle leur distribution a été mieux encadrée pour réduire justement un surendettement des particuliers en pleine explosion.
Un tiers des dettes totalement effacées
Dans plus d'un dossier sur deux (55%) clos en 2023, les commissions de surendettement ont proposé un effacement des dettes, soit total soit partiel, pour un montant total d'1,2 milliard d'euros.
L'effacement total des dettes a légèrement diminué en un an, passant de 38% à 35%.
Cette mesure, mise en place depuis 2004, a connu une forte croissance (+43% entre 2004 et 2018). Elle a également freiné sensiblement le nombre de "redépôts" par des personnes qui avaient déjà déposé un dossier de surendettement par le passé.
Des "réticences" à déposer un dossier
Alors que la procédure de surendettement, qui a bénéficié depuis 1989 à plus de 7 millions de personnes, souffre encore d'une mauvaise image, la Banque de France a demandé à 8.500 déposants quels avaient pu être leurs motifs d'hésitation à déposer un dossier ou au contraire leurs motivations.
Le plus souvent, ils ont décidé de le faire à la suite d'une accentuation de leurs difficultés financières (42%) ou de pressions exercées par les créanciers ou les huissiers (29%).
Pour ceux ayant hésité à déposer un dossier, les "réticences tenaient à plusieurs raisons, souvent cumulatives", souligne l'institution. Pour 22% d'entre eux, ils se sont dits persuadés de pouvoir s'en sortir eux-mêmes ; 19% ont exprimé leur sentiment de gêne ou de honte à se déclarer en situation de surendettement, 12% leur crainte de perdre leurs moyens de paiement, 11% que soient informés leur employeur ou leur famille.
Plus d'un déposant interrogé sur dix (11%) pensait également ne pas avoir droit à cette procédure, gratuite.
Source: www.linfodurable.fr