Les céréaliers opposés à la nouvelle stratégie de réduction des pesticides
"On va dans le mur", estime le président des céréaliers de France Eric Thirouin, qui a dit mercredi sa "totale opposition" à la nouvelle stratégie du gouvernement visant à réduire de moitié l'usage des pesticides à l'horizon 2030 par rapport à la période 2015-2017.
L’association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB) conteste en particulier l’indicateur choisi par la France pour mesurer l’usage des pesticides.
L'indicateur de référence du gouvernement est le "Nodu" (Nombre de doses unité) qui prend en compte les quantités de pesticides vendues et les surfaces traitées, aux doses maximales homologuées. La France est passée d'un Nodu de 82 en 2009 à 120,3 en 2018 avant de revenir à 85,7 en 2021.
Selon le nouvel objectif du gouvernement, il devrait descendre à environ 50 en 2030.
"A partir du moment où on remplace un produit efficace, mais considéré comme nocif, par un produit moins efficace, on est obligé de le passer plus souvent dans les champs. Calculer le nombre de doses utilisées, c'est fausser le résultat, avec un indicateur qui n'est pas le même que celui utilisé dans d'autres pays européens", a expliqué Eric Thirouin, lors d'une conférence de presse.
"En 20 ans, on a réduit de 46% les quantités de substances actives utilisées en France et le Nodu ne reflète pas du tout cette réduction. Utiliser cet indicateur créé une situation de distorsion flagrante par rapport à nos voisins. C'est une machine à baffes pondue par les ONG, acceptée par les politiques et qui nous mène dans une impasse", a-t-il tonné.
Il a dénoncé le "gouffre" entre les promesses du gouvernement – "pas d'interdiction sans solution" – et la "réalité du terrain".
"Le +en même temps+ franco-français, ça suffit. Cette politique qui consiste à vouloir faire plaisir à tout le monde, aux ONG environnementales, aux agriculteurs, ce n'est pas possible. Il faut avoir du courage", a-t-il plaidé.
Après une période de consultation ouverte au monde agricole, aux chercheurs, associations et collectivités, le texte présentant les grandes lignes de cette nouvelle stratégie Ecophyto 2030 doit être publié début 2024.
Le gouvernement propose une "nouvelle approche" se basant sur "l'accélération du développement de solutions alternatives non chimiques et chimiques pour mieux se préparer au potentiel retrait de certaines substances actives", selon le ministère de l'Agriculture.
Source: www.linfodurable.fr