Table des matières
Russie : un sanctuaire naturel lentement contaminé
Avec ses 31 500 kilomètres carrés de surface et sa profondeur atteignant 1 620 mètres, le lac Baïkal détient 20 % des réserves mondiales d’eau douce non gelée. Un trésor géologique et biologique. Pourtant, les relevés menés chaque été par l’équipe conjointe de l’université d’État de Moscou et de l’Institut des problèmes d’écologie et d’évolution de l’Académie des sciences russe révèlent une tendance préoccupante. Chaque année, sur plus de 30 sites répartis dans l’ensemble du lac, les chercheurs constatent une progression alarmante des microdéchets.
Le biologiste Mikhaïl Kolobov, cité dans Kommersant et partagé par le Courrier international, alerte : «Les microplastiques migrent vers le centre du lac, où ils forment une tache permanente». Cette “tache”, flottante en surface et suspendue à mi-profondeur, agit comme un piège toxique pour la faune lacustre. En particulier pour l’Epischura baikalensis, petit crustacé endémique qui filtre naturellement les particules de l’eau.
L’inertie des autorités face à la marée plastique
Malgré la gravité des constats, aucun plan gouvernemental d’envergure n’a été engagé à ce jour pour endiguer cette pollution. À Irkoutsk, les associations environnementales dénoncent l’absence d’infrastructures de traitement, la prolifération des décharges sauvages sur les rives et la passivité des pouvoirs publics. Selon les experts, une part importante des microplastiques provient du tourisme local non régulé, des résidus de vêtements synthétiques et de rejets d’eaux usées mal traitées.
Le problème n’est pas nouveau, mais la dynamique s’accélère, aggravée par un manque criant de normes environnementales coercitives dans les régions sibériennes. En parallèle, les tentatives d’interdire certaines activités industrielles autour du lac, notamment l’exploitation forestière illégale ou les projets de pipeline, se heurtent à des intérêts économiques puissants et au vide juridique environnemental de la Fédération de Russie.
Le plastique, enjeu mondial mais drame local
Alors que Genève accueille les discussions onusiennes pour réduire la production et l’usage mondial du plastique, le Baïkal illustre bien cette réalité. Aucune législation internationale ne pourra être efficace sans mise en œuvre locale rigoureuse. Si la Russie reste officiellement engagée dans les négociations, peu de signaux montrent un volontarisme fort de Moscou.
La pollution du Baïkal devient ainsi un révélateur de la fragmentation de la gouvernance environnementale mondiale. Un symptôme parmi d’autres, mais frappant, d’un écosystème unique sacrifié.
Cet article Le lac Baïkal gravement menacé par la pollution plastique est apparu en premier sur Green et Vert.
Source: www.greenetvert.fr