« L’agritech propose un large panel de solutions, dont certaines directement inspirées de la nature »
Créée il y a 7 ans lors du Salon de l’agriculture, La Ferme Digitale rassemble des acteurs du monde de l’agritech, l’innovation technologique au service de l’agriculture. En pleine expansion en France, le secteur entend bien allier technologies d’avenir et enjeux environnementaux, afin de faire face aux défis à venir.
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Quelle est la vocation de La Ferme Digitale ?
La Ferme Digitale est une association née de la volonté de rendre visible les entreprises qui participent à l'innovation en agriculture. Elle compte aujourd’hui plus d’une centaine de membres, des startups, bien sûr, mais aussi des écoles d’ingénieurs et des lycées agricoles, ainsi que des partenaires de l’écosystème financier.
Notre but est de couvrir tous les enjeux de l’innovation agricole, de l’amont à l'aval, de la fourche à la fourchette. Nous jouons un rôle d’accompagnateur, mais pas d’incubateur. Nous avons vraiment vocation à mener des projets de visibilité de la problématique agritech.
L’agritech est-il un secteur créateur d’opportunités ?
C’est un secteur dans lequel on a encore besoin d’innover pour répondre aux défis auxquels font face et vont encore faire face les agriculteurs, entre les enjeux climatiques, démographiques, sanitaires, de productivité, de compétitivité, etc. C’est donc un secteur créateur de valeur et d’emplois. On voit des entreprises qui passent de 10 à 100 personnes en 2 ans, ça va très vite. Ça permet de créer des emplois pérennes et stables, qui ont un impact sur les territoires.
Comment articuler agritech et transition agricole ?
Pour moi, ce sont des choses qui ne s’opposent absolument pas. L'innovation peut avoir un impact positif. Nous nous inspirons du courant de la « right tech » dont le but n’est pas de faire « de la tech pour de la tech » mais de la tech comme un outil pour répondre à une problématique sociétale et environnementale.
Nos entrepreneurs sont, pour la plupart, issus du monde agricole et ont voulu faire de la tech pour répondre à des problématiques qu’ils ont rencontrées : comment continuer à produire sans eau, comment adapter ses productions au changement climatique ?"
L’agritech propose un large panel de solutions, et parmi elles, des solutions directement inspirées de la nature. Je suis moi-même à la tête d’une start-up qui s’appelle Mycophito, et nous travaillons sur la dynamisation de la fertilité des sols en les régénérant avec des micro-organismes. Une autre startup, Ombrea, fabrique des ombrières pour vignes avec des panneaux solaires dessus. Cela crée des compléments de revenus aux agriculteurs, protège les vignes face à la grêle et crée de l’ombre lors des sécheresses.
Comment l’agritech est-elle accueillie par le milieu agricole ?
On a autant de retours que de technologies, parce que certaines vont apporter plus de changements dans les habitudes des agriculteurs que d’autres. Globalement, on voit que lorsqu’on travaille dès le départ avec eux, l'adoption est beaucoup plus facile.
Pour aller plus loin :“L’écologie dans nos assiettes”
L'enjeu de notre association, c'est aussi de renforcer les liens directs avec les agriculteurs pour travailler très en amont avec eux. C’est aussi que, demain, un agriculteur puisse utiliser de manière courante dans sa vie de tous les jours au moins cinq innovations.
La France a-t-elle une position motrice à l’international dans le domaine de l’agritech ?
L'avantage de la France, c'est qu'elle a aussi un tissu scientifique puissant et qu’elle est performante dans ce qu’on appelle le continuum de l’innovation, c’est-à-dire de développer une connaissance de recherche en laboratoire jusqu’à une solution applicable au champ.
La France fait figure d'exemple et on le voit au Salon de l'agriculture, où une dizaine de délégations étrangères vont venir nous rendre visite, mais aussi dans nos startups, qui se déploient de plus en plus à l’international.
À quelles difficultés le secteur fait-il face ?
La principale difficulté, c’est que l’agritech fonctionne sur du temps long. L’agriculture, c’est une récolte par an, et il faut plusieurs saisons de culture pour pouvoir valider une approche. Notre besoin de financement est donc plus important que d’autres secteurs. On a donc une contrainte pédagogique auprès des acteurs financiers pour qu’ils comprennent nos enjeux. Le temps du risque est plus long mais une fois qu’une solution est adoptée, les résultats sont exponentiels.
Source: www.linfodurable.fr