La transition juste, une stratégie économique pour nos territoires
Acteurs de la finance et de la transition juste : nous sommes sur le même bateau. Dans un monde bouleversé, au climat déréglé, marqué par desfractures sociales croissantes, où les guerres se multiplient. Et si nous apprenions à naviguer ensemble ? L’argent, nerf de la guerre qui détruit le vivant, peut devenir le nerf de la paix qui nous régénère.
La transition écologique et sociale, dite “transition juste”, constitue une stratégie économique. Solide. Et, surtout, c’est une réponse concrète aux défis de nos territoires. Là où s’expriment les inégalités, émergent les solidarités et se déploient les solutions.
La transition écologique et sociale, “transition juste”, n’est pas une lubie, une idéologie. Ce n’est pas non plus un supplément d’âme qui donne bonne conscience. C’est une nécessité vitale, le socle de notre paix et prospérité futures. La transition juste renforce la robustesse locale, favorise la sobriété et l’autonomie des territoires et, donc atténue notre dépendance aux importations, notre sensibilité aux chocs exogènes.
La transition juste repose sur une intelligence collective déjà à l’œuvre : collectivités, entreprises de l’économie sociale et solidaire, associations, coopératives… Depuis des années, ces acteurs repensent nos usages, nos circuits économiques, nos manières de produire et de vivre ensemble. Pourtant, le déploiement de leurs innovations sociales est freiné. Le paradoxe est cruel : les projets existent, les impacts sont démontrés, les acteurs sont prêts… mais les financements n’arrivent pas.
Selon Le Grand Recueil, enquête menée par l’opération Milliardauprès des acteurs de la transition juste partout en France, les mécanismes actuels de financement sont mal adaptés aux réalités du terrain. L’innovation sociale, souvent locale, agit dans la durée, valorise les ressources existantes et privilégie la sobriété. Mais elle reste négligée par rapport aux promesses de « disruption » technologique.
Autre frein : la temporalité des financements
Leur caractère annuel pénalise les projets et actions qui s’inscrivent, très souvent, dans une perspective pluriannuelle. De même, les modes de gouvernance partagée – typiques des coopératives ou associations – sont trop souvent mal compris par les investisseurs. Pourtant, ils renforcent la confiance et l’inscription dans le temps long.
Günther Thallinger, du directoire d’Allianz, a alerté : c’est l’ensemble du secteur financier – donc de notre modèle économique – qui est en danger. Investir dans la transition juste, c’est investir dans l’avenir."
La transition juste, c’est la robustesse de notre économie. Elle offre aux investisseurs des rendements certes moins élevés, moins rapides…mais robustes et pérennes. Les chiffres sont sans appel : les entreprises de l’ESS sont moins souvent en situation de défaillance que les entreprises cotées (source : Observatoire national de l’ESS, 2023). Ce sont des partenaires fiables pour desstratégies d’investissement de long terme, répondant aux enjeux sociaux, écologiques et économiques.
Il s’agit, tout simplement, de faire de l’argent le nerf de la paix. Les utopies d'hier sont les évidences d'aujourd'hui."
Face au dérèglement climatiques, certaines régions deviennent inassurables. Günther Thallinger, du directoire d’Allianz, a alerté : c’est l’ensemble du secteur financier – donc de notre modèle économique – qui est en danger. Investir dans la transition juste, c’est investir dans l’avenir.
Banques, fonds d’investissement, family offices, fondations… Nombreux sont les acteurs de la finance désireux d’orienter leur capital vers des projets porteurs de résilience, de cohésion sociale, d’utilité collective.
Le dialogue est en marche, nous l’organisons et le facilitons autour de l’opération Milliard.
Il ne s’agit pas d’opposer économie et écologie, rendements et sobriété, performance et solidarité. Il s’agit de construire une économie résiliente, qui protège, qui anticipe, qui prépare l’avenir. Il s’agit, tout simplement, de faire de l’argent le nerf de la paix. Les utopies d'hier sont les évidences d'aujourd'hui.
Par Bastien Sibille Président de l’opération Milliard, et Diane Dupré la Tour, porte-parole de l’opération Milliard.
Source: www.linfodurable.fr