JO-2024 : les supporteurs en fauteuil plutôt satisfaits, malgré le « point noir » des transports
Au parc urbain à la Concorde, les allées sont recouvertes d'épais tapis en plastique pour éviter aux fauteuils roulants les soubresauts que créent les pavés.
Jonathan Josse, paraplégique de 40 ans, a pu entrer par un accès spécifique en évitant la file d’attente d’une heure : « Tout est facile d’accès, avec des rampes. Nos places sont particulièrement bien placées, il n’y a pas mieux ! », se réjouit celui qui est adjoint aux sports à Saumur.
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Faire une place visible au handicap
Deux-cent-mille billets ont été dédiés aux personnes handicapées, « avec une très bonne visibilité, au pied du terrain », souligne Ludivine Munos, responsable de l’intégration paralympique et de l’accessibilité chez Paris 2024.
La volonté de faire une place visible auhandicap tout en sensibilisant le public se traduit aussi, selon elle, à travers le message lancé avant chaque remise de médailles : « Levez-vous, si vous le pouvez ! »
Quelque 45 000 bénévoles ont été recrutés et formés. "Dès qu'ils voient un fauteuil roulant dans la foule, ils viennent à notre rencontre, s'enquièrent de nos besoins", témoigne Brigitte Pommier, venue de Bordeaux. A 80 ans, fatigable, elle se déplace plus facilement en fauteuil.
Quel héritage post-JO ?
"Même si l'ascenseur du métro était en panne et qu'on a dû me porter dans les escaliers, je m'attendais à plus de difficultés à Paris", renchérit une supportrice venue des Pays-Bas, Lisbeth Bruinekooi, en t-shirt orange dans son fauteuil.
Les Jeux ont permis de répondre à certaines demandes de longue date des associations, souligne Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité de l’association APF France Handicap : mille taxis adaptés circulent désormais dans Paris. Les voyageurs sur Air France peuvent récupérer leur fauteuil roulant personnel dès la sortie de l’avion à l’aéroport de Roissy.
Les associations représentant les personnes handicapées moteur soulignent un "gros effort" des organisateurs et le fait qu'ils se sont nourris des propositions de personnes concernées – en fauteuil, aveugles, sourds, autistes… – ayant testé les trajets en amont de l'événement.
Le point noir des transports en commun
Mais de nombreux dispositifs sont temporaires et ces associations craignent pour l'héritage réel et pérenne des Jeux sur leur quotidien.
"Le point noir, ce sont les transports en commun« , relève Julia Tabath (AFM-Téléthon). « Dans Paris, le métro n’est pas accessible, sauf la ligne 14 ». Rares sont les stations équipées d’ascenseur, et ils sont parfois en panne.
"On aurait dû utiliser l'opportunité des Jeux pour adapter le métro. Ceux de Barcelone ou Londres, très anciens aussi, sont plus accessibles", argue cette vice-présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH).
"Saisir l'opportunité des Jeux pour changer"
Les autorités font valoir que autobus, tramways et RER sont accessibles. "Mais dans le RER, nous ne sommes pas autonomes : il faut réserver pour avoir du personnel qui installe une rampe", souligne Mme Tabath.
Prendre le métro ou le RER seul est pourtant "essentiel pour pouvoir étudier, travailler", avoir une vie normale et sociale, et cela concerne aussi les personnes âgées, les familles avec poussette, les voyageurs avec bagages, rappelle-t-elle.
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L'adjointe à la maire de Paris chargée de l'accessibilité Lamia El Aaraje a promis jeudi, lors d’une conférence de presse, que la Ville allait plaider après les Jeux pour un métro « partiellement accessible »: « choisir cinq ou six lignes et créer cinq ou six arrêts accessibles sur chacune pour mailler la capitale ».
Par rapport à "la situation il y a sept ans", Andrew Parsons, président du Comité international paralympique, a jugé, lors de cette même conférence de presse, que Paris-2024 avait "saisi l'opportunité des Jeux pour changer" et a salué "un renforcement incroyable de l'accessibilité" dans la capitale.
Parmi les outils promus par la mairie à l'occasion des Jeux, des trottinettes électriques de la start-up Omni peuvent être louées pour 50 euros la journée : un dispositif permet d’y accrocher facilement un fauteuil roulant, le transformant en tricycle électrique.
Tétraplégique après un accident de plongeon, Martin Petit file d'un site olympique à l'autre par la piste cyclable en bord de Seine. "Prendre des taxis me coûterait 250 euros par jour. La trottinette, c'est la mobilité, l'autonomie, la liberté", dit ce créateur de contenus sur les réseaux, venu de Bordeaux.
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Avec AFP.
Source: www.linfodurable.fr