Inquiétudes autour d’un projet d’incinérateur au sein du site d’Arkema à Marseille
Un collectif de riverains d'une usine Arkema à Marseille s'est inquiété vendredi d'un projet d'incinérateur dans l'enceinte du groupe chimique prévu à l'horizon 2028, craignant une pollution de l'air liée à l'utilisation comme combustible de déchets non recyclables.
Soutenus par plusieurs élus de la municipalité divers gauche, ils ont alerté sur les risques environnementaux mais aussi sanitaires que feraient selon eux courir aux habitants les éventuels rejets dans l’air de cet incinérateur, notamment dans la vallée de l’Huveaune, dans l’est de Marseille, déjà fortement polluée par des décennies de rejets industriels.
"Cet incinérateur va augmenter la pollution dans notre vallée, qui connaît déjà une surmortalité due à des cancers", s'est alarmée Myriam Janin, porte-parole du collectif "Marseille sans CSR" et membre du comité d'intérêt de quartier (CIQ) de la Millière où se trouve l'usine.
Arkema, qui produit notamment du plastique dans cette usine, souhaite sous-traiter auprès de Dalkia, filiale d'EDF, une nouvelle installation d'incinération alimentée par des combustibles solides de récupération (CSR), des déchets non-recyclables.
L'objectif est officiellement double: répondre à la loi de transition énergétique pour la croissance verte, qui a fixé comme mission de réduire de moitié la quantité de déchets enfouis en 2025, tout en permettant de réduire la dépendance d'Arkema au gaz naturel, importé, et dont les prix ont fortement fluctué depuis la guerre en Ukraine.
Cette chaufferie CSR, baptisée "Huveaune Energie Circulaire", devrait produire 140.000 MWh de vapeur par an, évitant la consommation d'environ 170.000 MWh de gaz naturel par an et permettant de "réduire l'empreinte carbone d'Arkema de 30.000 tonnes de CO2 par an", a précisé l'entreprise, ancienne branche chimie de Total devenue le premier chimiste français depuis sa séparation en 2004.
"En participant à la réduction de la dépendance aux énergies fossiles d'un acteur majeur, tout en proposant une alternative à l'enfouissement, le projet se situe au coeur de la transition écologique", explique Dalkia dans un dossier de concertation présenté en septembre 2023 parlant de "processus industriels parfaitement maîtrisés et sûrs".
Selon elle, les éléments incinérés seront du "papier, du bois et du carton aujourd'hui enfouis et à qui nous donnons une seconde vie".
Elle assure que le "dispositif sera encadré, à travers un cahier des charges strict, une obligation de contrôle de la production et un traitement des fumées après combustion".
"L'écologie, ce sont des injonctions contradictoires (…) mais ce projet n'est pas soutenable: oui il faut sortir du gaz, mais en privilégiant d'autres alternatives", a estimé Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille délégué à la transition écologique. Parmi celles-ci, il a listé la production d'énergie via l'installation de panneaux photovoltaïques sur des sites déjà dégradés, un meilleur tri des déchets, ou encore un changement des modes de consommation.
"Au regard des enjeux environnementaux du XXIe siècle, on ne peut plus continuer à brûler la planète. Il faut réfléchir sur notre manière de consommer", a poursuivi Hervé Menchon, élu marseillais en charge de la Biodiversité marine.
D'autres personnes ont également proposé d'utiliser l'incinérateur de Fos-sur-Mer, régulièrement pointé du doigt pour ses émissions polluantes, notamment d'oxyde d'azote (NOx), qui traite les déchets marseillais et dont les capacités d'accueil ne sont pas encore à leur maximum.
Les demandes concernant l'autorisation environnementale et le permis de construire devraient être déposées auprès des services de l'Etat concernés "au printemps 2024, en vue de l'organisation d'une enquête publique conjointe au second semestre de cette année", a précisé à l'AFP la préfecture des Bouches-du-Rhône.
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Source: www.linfodurable.fr