L’ONF (Office national des forêts) a présenté son bilan de la saison estivale 2025. Plus de 1 700 départs de feu ont été enregistrés, pour environ 20 000 hectares détruits. Ces chiffres, supérieurs aux moyennes récentes, s’inscrivent néanmoins dans une évolution de long terme où la gestion active et les politiques publiques ont permis de réduire fortement la surface forestière affectée, sans pour autant éliminer le risque. Pour les acteurs environnementaux, ce constat appelle à une lecture croisée : évolution des incendies en France, situation en Europe et rôle des politiques de prévention.
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Les incendies : une dynamique historique en transformation
Les données confirment une tendance claire. Comme le rappelle Vie-publique, « la surface forestière brûlée a diminué au cours des dernières décennies en moyenne annuelle ». Dans les années 1980, près de 42 000 hectares brûlaient chaque année, contre environ 7 500 entre 2015 et 2019. Cette baisse s’explique par l’amélioration des dispositifs de lutte (DFCI), l’accroissement des moyens aériens, mais aussi par une meilleure sensibilisation.
Cependant,les variations d'une année à l'autre sont importantes. Après un pic en 2022 (72 000 hectares), l’été 2025 atteint de nouveau 20 000 hectares, soit un niveau intermédiaire. Pour les gestionnaires forestiers, cette variabilité souligne la nécessité d’intégrer les aléas climatiques dans les modèles de gestion et d’aménagement du territoire.
L’exemple de Ribaute : un mégafeu méditerranéen
L’incendie de Ribaute, dans l’Aude, représente un cas d’école. Déclenché le 5 août 2025, il a parcouru plus de 16 000 hectares en quelques jours, mobilisant 2 000 pompiers et plusieurs Canadair. Un tel épisode, qualifié de plus vaste en cinquante ans en France, révèle la difficulté à contenir des feux en conditions extrêmes (vent, végétation sèche).
Au-delà des pertes immédiates, ce type de mégafeu pose la question de la résilience des écosystèmes méditerranéens. Le reboisement, la régénération naturelle et la gestion post-incendie deviennent ici des enjeux centraux pour limiter les impacts sur la biodiversité et les sols.
Une perspective européenne et climatique
À l’échelle européenne, l’été 2025 a déjà vu plus d’un million d’hectares brûlés, soit quatre fois la moyenne des deux dernières décennies. L’Espagne, le Portugal et la Grèce sont les pays les plus touchés, mais la France figure aussi parmi les foyers importants, avec des estimations allant jusqu’à 36 000 hectares.
Cette tendance interroge l’évolution climatique : allongement des saisons de feu, hausse des températures, sécheresses prolongées. Les chercheurs soulignent que les forêts, déjà affectées par les dépérissements liés aux ravageurs et à la sécheresse, deviennent plus vulnérables aux incendies. Les comparaisons européennes permettent ainsi d’inscrire le cas français dans une dynamique plus globale.
Face aux incendies, les stratégies de gestion et pistes d’adaptation
La mission DFCI confiée à l’ONF repose sur un triptyque : prévention, surveillance, reconstruction. Elle couvre 80 % des départements métropolitains et inclut l’entretien des pistes, la gestion des points d’eau et la reconstitution post-incendie.
Pour les acteurs environnementaux, les pistes d’adaptation passent par une meilleure gestion de la mosaïque paysagère (agroforesterie, débroussaillement raisonné, pâturage extensif), la diversification des essences plus résistantes à la sécheresse, et la recherche de solutions basées sur la nature. L’enjeu est de concilier prévention des incendies, maintien de la biodiversité et rôle des forêts comme puits de carbone.
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Source: www.greenetvert.fr