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Électricité éolienne et solaire : une croissance sous tension
La dynamique des énergies renouvelables en France est spectaculaire. Au cours des cinq premiers mois de 2025, plus de 2,3 gigawatts ont été raccordés au réseau, dont 2,1 gigawatts pour le solaire et 0,2 pour l’éolien. La capacité solaire installée atteint désormais 26,4 gigawatts, dépassant pour la première fois celle de l’éolien, estimée à 24,6 gigawatts.
Mais derrière ces chiffres flatteurs se cache une réalité plus inconfortable, une inadéquation persistante entre production et consommation. En effet, les panneaux photovoltaïques et les turbines éoliennes injectent de l’électricité à des moments qui ne correspondent pas toujours aux besoins du pays.
Une explosion des pertes : le revers de la médaille renouvelable
Selon RTE, “10 % du volume théoriquement produit a été perdu pour le solaire entre avril et juin 2025”, un chiffre multiplié par dix en seulement deux ans. Ce constat s’inscrit dans un phénomène plus large : celui des épisodes de prix négatifs. Le rapport précise que 363 heures de prix inférieurs à zéro euro par mégawattheure ont été enregistrées au 1er semestre 2025. À titre de comparaison, ces épisodes s’élevaient à 53 heures en 2023, et 235 heures en 2024.
Cette chute brutale des prix traduit une saturation du réseau, incapable d’absorber la surproduction en temps réel. Les producteurs sont incités à écrêter leur production, c’est-à-dire à l’interrompre. Un gaspillage pur, puisque cette électricité verte aurait pu alimenter des millions de foyers.
Un gaspillage structurel aggravé par l’absence de solutions
Au cours du premier semestre 2025, environ 2 000 gigawattheures ont dû être volontairement retirés du réseau, correspondant à une puissance moyenne avoisinant 5,2 gigawatts, apprend-on du site Révolution Énergétique.
Face à cette inefficacité, le réseau français reste incapable de stocker l’électricité à grande échelle de façon rentable, ni de la redistribuer efficacement. Et pourtant, la France s’est montrée largement exportatrice sur la période : 37,6 térawattheures ont été vendus aux pays voisins. Mais là encore, le surplus n’a pas suffi à compenser les déséquilibres internes.
La flexibilité, une réponse encore trop timide
Le rapport de RTE sur la flexibilité électrique, daté du 22 novembre 2024, apporte une réponse conceptuelle : moduler la consommation pour mieux coller aux pics de production. Cela suppose un ajustement des usages, une coordination des acteurs et des investissements massifs dans les infrastructures de stockage.
Yannick Jacquemart, directeur des nouvelles flexibilités du système électrique chez RTE, souligne que “chacun peut agir à son échelle […] en programmant certains appareils aux meilleurs moments de la journée, pour faire simple entre 11h et 17h, et la nuit entre minuit et 6h”. Mais le potentiel reste sous-exploité. Le secteur tertiaire, pourtant capable de moduler 10 % de sa consommation, n’est mobilisé que partiellement. Les particuliers, eux, manquent d’outils pour intégrer ces gestes dans leur quotidien.
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Source: www.greenetvert.fr