France: l’essentiel du plan de relance a bénéficié aux entreprises, selon l’Observatoire des multinationales
L'association, qui enquête régulièrement sur les dividendes versés par les groupes du CAC 40 ou les stratégies d’influence des multinationales, rappelle qu’à l’origine, les 100 milliards du plan France Relance devaient être dépensés pour la transition écologique (30 milliards d’euros), la compétitivité des entreprises (34 milliards) et la cohésion sociale (36 milliards).
Près de quatre ans après la présentation du plan, l’Observatoire assure qu' »au moins 29,5 milliards d’euros ont bénéficié directement aux entreprises », notamment via la baisse des impôts de production.
À ces soutiens directs s'ajoutent "17,7 milliards d'aides à l'emploi, comme les subventions pour l'embauche de jeunes et d'apprentis", poursuit l'association. "Et sans doute aussi les aides" à la rénovation ou à l'achat de voitures électriques, qui ont profité aux consommateurs mais aussi « aux fournisseurs des produits et services concernés ».
La France (…) ne donne pas les bénéficiaires finaux de son plan de relance, mais liste essentiellement des opérateurs de l'État, soit différentes instances intermédiaires qui redistribuent les financements par la suite.
Avec ce calcul au périmètre large, "la proportion des dépenses de relance qui ont bénéficié exclusivement ou en grande partie aux entreprises dépasse dès lors les deux tiers des sommes décaissées », conclut l’Observatoire. Les organismes publics (Etat, collectivités locales, SNCF…) ont eux capté 19% des montants déjà dépensés, tandis que 11% des fonds déboursés sont déclarés « inclassables » par l’association.
Pour Nadine Levratto, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) citée par l'Observatoire, le plan de relance "s'inscrit dans le schéma classique de transformation de la société via le tissu productif et les aides individuelles aux entreprises« , au détriment de l’investissement dans les services publics.
La transition écologique impactée
"Or, quand on regarde les déterminants de la croissance et de la localisation des entreprises, la qualité des services publics joue beaucoup", ajoute-t-elle. Comme le comité d'évaluation de France Relance, un organisme placé auprès du Premier ministre qui avait lui-même jugé en janvier l'exercice "particulièrement complexe", l'Observatoire des multinationales déplore la difficulté à identifier les bénéficiaires finaux du plan.
"La France (…) ne donne pas les bénéficiaires finaux de son plan de relance, mais liste essentiellement des opérateurs de l'État, soit différentes instances intermédiaires qui redistribuent les financements par la suite", regrette-t-il.
Pour aller plus loin : "L'ISR sur les principales classes d'actifs"
Ainsi, là où le comité d'évaluation estimait dans son rapport final que 21 milliards d'euros avaient été dépensés pour la transition écologique, « nous n’avons pu flécher que 15,24 milliards d’euros » déboursés sur ce volet du plan de relance, fait valoir l’Observatoire.
"Les grands perdants de l'austérité risquent bien d'être les services publics et l'écologie: ce sont les domaines qui ont le moins bénéficié du plan de relance et dont les budgets sont les plus diminués" dans le décret de février qui a acté 10 milliards d'économies dans les dépenses de l'Etat, conclut-il.
Le comité d'évaluation a dressé en janvier un bilan plus positif de France Relance, soulignant la contribution du plan à la croissance, à l'emploi et à la réduction des émissions de CO2.
Avec AFP.
Source: www.linfodurable.fr